Intervention de Édouard Geffray

Réunion du mardi 4 mai 2021 à 10h10
Mission d'information sur le thème « bâtir et promouvoir une souveraineté numérique nationale et européenne »

Édouard Geffray, conseiller d'État, directeur général de l'enseignement scolaire (ministère de l'Éducation nationale) :

La question revêt en effet une importance majeure.

J'aborderai d'abord le cadre général de l'enseignement, puis son application pratique au harcèlement. Le ministre a défini comme aptitudes à acquérir à l'issue de l'école primaire : la lecture, l'écriture, la capacité à compter et le respect d'autrui. Ce respect d'autrui présente de multiples dimensions. Dans le domaine de la santé, il passe par l'éducation à la sexualité. L'élève de primaire apprend à respecter le corps d'autrui et à se faire lui-même respecter dans son corps, ce qui implique notamment la prévention des violences sexuelles ou familiales, mais aussi l'apprentissage du rapport à l'autre, de la vie de classe et de la résolution des conflits. Ces valeurs se traduisent, elles aussi, directement dans l'univers numérique.

Le lancement volontariste du programme « non au harcèlement » remonte à l'année scolaire 2018/2019. Assez exhaustif, puisqu'il inclut des formations, il va se généraliser dès la rentrée à l'ensemble des académies, et donc des établissements. Rappelons que les académies disposent toutes de référents « harcèlement ». Des ambassadeurs du programme, accompagné par des campagnes de sensibilisation, seront choisis parmi les élèves de chaque établissement.

À l'origine, le prix « non au harcèlement » récompensait les réalisations sous forme d'affiche ou de vidéo de collégiens ou de lycéens soucieux de sensibiliser leurs condisciples à ce problème. Depuis deux ans maintenant, des élèves de primaire peuvent concourir dès le CP. Certaines attitudes se mettent en effet très tôt en place. La difficulté liée aux violences surgit dans ce cas également : ces comportements s'expliquent aussi par des sollicitations échappant en partie à l'institution scolaire. Le ministre a rendu un formidable service aux jeunes en interdisant le téléphone portable au collège, leur offrant ainsi un espace où ils échappent enfin, pour un temps, aux sollicitations numériques. La prévention du mauvais usage du numérique dépasse le cadre scolaire. Certains environnements incitent les jeunes à prendre des risques en diffusant par exemple par SMS leurs photos intimes qui, deux ou trois mois plus tard, pourraient bien échouer entre de mauvaises mains.

Une action globale doit être menée. L'Éducation nationale y travaille. Tout ce qui peut participer à la prise de conscience des dangers du numérique mérite qu'on l'encourage. Le ministère œuvre avec les parents mais aussi la CNIL et le collectif « éducation au numérique ». La CNIL doit assumer un rôle particulier pour diffuser le message selon lequel des données personnelles ne se partagent pas, ou du moins pas n'importe comment. Il faut qu'au-delà du ministère, l'écosystème entier prenne part à l'éducation au numérique et inculque des notions de prudence de base.

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