Intervention de Édouard Geffray

Réunion du mardi 4 mai 2021 à 10h10
Mission d'information sur le thème « bâtir et promouvoir une souveraineté numérique nationale et européenne »

Édouard Geffray, conseiller d'État, directeur général de l'enseignement scolaire (ministère de l'Éducation nationale) :

Vos questions nous sont précieuses, car elles entrent en résonance avec celles que, nous-mêmes, nous nous posons.

Je vous livrerai une réaction spontanée fondée sur une impression d'ensemble. Nous avons relevé deux points intéressants.

D'abord, l'an dernier, la continuité pédagogique s'est immédiatement mise en place via l'enseignement à distance, alors même que, jamais encore, la totalité des écoles de France n'avait dû fermer. Mes homologues d'autres pays m'ont indiqué que deux à trois semaines de congés avaient été accordées aux professeurs et aux élèves avant d'envisager des mesures possibles. Il en a résulté un décrochage élevé chez certains de nos voisins européens. En France, de mémoire, l'annonce du confinement a eu lieu un vendredi et, le lundi matin suivant, les élèves ont continué l'école à domicile, malgré les quelques difficultés techniques qui ont surgi.

Ensuite, nous avons observé un mécanisme de conversion au numérique. Il s'est d'ailleurs traduit par les chiffres relevés la semaine du 6 avril. Le taux d'usage des outils éducatifs numériques a alors doublé par rapport au pic du mois de mai 2020. Chaque jour, au début d'avril 2021, 2 à 3 millions de visiteurs uniques se sont connectés à la plateforme du CNED, qui n'est pourtant pas le seul outil de classe virtuelle disponible. 200 000 professeurs, soit un sur quatre, ont par ailleurs, d'eux-mêmes, cherché à se former au numérique sur Canopé. Cette proportion témoigne d'une conversion massive au numérique, que nous étions certes en droit d'espérer, mais sur laquelle nous ne tablions pas pour autant, compte tenu de la diversité existant au sein du corps professoral. Des différences subsistent en effet entre générations, car si l'on trouve des professeurs férus de nouvelles technologies de tous âges, les plus jeunes s'avèrent dans l'ensemble plus à l'aise avec le numérique que leurs aînés. Notons que beaucoup se forment d'ailleurs auprès de leurs collègues.

Se pose dès lors la question de la consolidation des formations au numérique. Comment s'assurer que les professeurs acquièrent une culture numérique aboutie, adaptée à leur usage des nouvelles technologies et à ce qu'il leur revient de transmettre à leurs élèves ? L'Éducation nationale n'a pas besoin d'un million d'informaticiens mais d'enseignants forts d'une culture générale du numérique.

Un premier axe de travail a porté sur la formation initiale des professeurs, réorganisée depuis septembre 2020. Suite à la loi pour une école de la confiance et aux travaux parlementaires sur le numérique à l'école, le numérique, sujet désormais incontournable, figure dans le référentiel de formation des professeurs. Je m'occupe en ce moment des procédures d'accréditation des Instituts nationaux supérieurs du professorat et de l'éducation (INSPE). Tous dispensent des formations au numérique de qualité, des plus intéressantes à mon sens, adossées à un référentiel commun garantissant un certain niveau de compétences.

Concernant la formation continue, des dispositifs existent, pour l'heure essentiellement en ligne, du fait de la crise sanitaire, mais, dès que les circonstances le permettront, ils se dérouleront également en présentiel. Signalons que le numérique figure parmi les cinq priorités, aux côtés de l'école inclusive et de la promotion des valeurs de la République, du schéma directeur de la formation continue des personnels de l'Éducation nationale.

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