Intervention de Édouard Geffray

Réunion du mardi 4 mai 2021 à 10h10
Mission d'information sur le thème « bâtir et promouvoir une souveraineté numérique nationale et européenne »

Édouard Geffray, conseiller d'État, directeur général de l'enseignement scolaire (ministère de l'Éducation nationale) :

Vous nous interrogez en somme sur la dimension prospective de l'enseignement.

D'abord, des partenariats noués avec des entreprises permettent aux jeunes de se projeter dans un univers professionnel au fait des dernières évolutions du numérique. La filière numérique en général, et cybersécurité en particulier, connaît, parmi les formations professionnelles actuelles, une forte croissance. De nombreux jeunes réussissent brillamment leur baccalauréat professionnel numérique pour intégrer ensuite des formations de type Brevet de technicien supérieur (BTS) ou autre. Un projet comme celui des écoles P-tech, dont j'ai visité un exemple en région parisienne, crée un pont entre les entreprises du secteur industriel numérique et les lycées professionnels. Les élèves effectuent des stages dans les sociétés partenaires, sous la tutelle d'un mentor. Ils y découvrent les évolutions les plus récentes du numérique en l'abordant sous son versant « recherche et développement », entrant ainsi de plain-pied dans leur futur milieu professionnel.

À cette première dimension s'ajoute celle de l'actualisation des connaissances et de la formation de pointe. La formation continue s'avère d'autant plus indispensable dans des disciplines comme le numérique, à l'évolution rapide et incessante. Encore faut-il qu'elle enseigne l'usage des outils les plus récents pour garantir l'insertion sur le marché du travail.

Enfin, n'oublions pas les enseignants. Voici un an et demi, a été créé un dispositif de formation des professeurs déjà en poste, désireux d'enseigner la spécialité NSI, apparue dans les programmes en 2019, comme annoncé l'année précédente. Pour la première fois depuis 1980, me semble-t-il, un nouveau CAPES a été instauré dans une discipline autre que les langues : le NSI. Face à l'impossibilité manifeste de recruter 2 000 enseignants à l'issue d'une seule session de concours, nous avons décidé de préparer les personnels de l'Éducation nationale les plus férus d'informatique, qui le souhaitaient, à enseigner le NSI.

Deux options s'offraient dès lors au ministère. La première, traditionnelle, consistait en une formation interne. Nous avons finalement choisi la seconde en créant un diplôme interuniversitaire avec 22 établissements partenaires d'enseignement supérieur (universités et grandes écoles) spécialisés dans le numérique et l'informatique, selon la démarche prospective que vous évoquiez. La dissémination de ces établissements partenaires sur tout le territoire français garantit à tout professeur la possibilité de mener à bien sa formation, d'une durée de dix-huit mois, même en cas de mutation. Nous tablions sur 1 000 à 1 200 candidats, 2 400 se sont finalement présentés. Nous en avons formé 2 000 et ouvert une nouvelle session l'année suivante.

Les types de formations que je viens de décrire présentent l'intérêt de s'adosser à la recherche tout en transmettant des connaissances techniques fondamentales sans lesquelles la dimension prospective du numérique demeurerait inintelligible.

Un effort soutenu de formation doit être maintenu tout au long de la vie pour éviter que les compétences acquises perdent de leur valeur et, surtout, pour que l'éducation nationale dispose de professeurs à la pointe des évolutions technologiques et des interrogations que celles-ci suscitent.

Le programme de la spécialité NSI ne prévoit pas seulement l'acquisition de connaissances. Sa dimension proactive, en lien avec l'éthique du numérique, oblige l'élève à se poser des questions sur les évolutions technologiques encore à venir. Peu importe que nul ne soit pour l'heure capable d'y répondre, l'important reste la capacité du lycéen à mener une réflexion techniquement informée et à penser l'avenir du numérique.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.