Intervention de Gilles Babinet

Réunion du jeudi 6 mai 2021 à 11h00
Mission d'information sur le thème « bâtir et promouvoir une souveraineté numérique nationale et européenne »

Gilles Babinet, digital champion auprès de la Commission européenne et co-président du CNNUM :

En écho aux propos de Mme Françoise Mercadal-Delassales, j'affirme que nous devons recréer un projet collectif et politique. Cette question a d'ailleurs nourri l'orientation des travaux du CNNUM. Nous sommes tous conscients des menaces géopolitiques que peut véhiculer le numérique et, en ce sens, nous devons faire des choix. En effet, les natures des projets numériques diffèrent dans le monde, avec un axe économique aux États-Unis, une vision militaire en Israël et une visée expansionniste pour la Chine. L'Europe cherche, quant à elle, à développer un projet numérique davantage inclusif, bien que ce point demande à être détaillé.

Pour répondre à votre question à propos de la souveraineté, il y a quatre ans, j'ai rédigé à ce sujet un dossier pour l'Institut Montaigne. Aussi, le CNNUM ne s'étant pas encore positionné sur ce point, je propose de m'exprimer à titre personnel.

D'une part, il existe, à mon sens, un enjeu de court terme, avec la proportionnalité de l'usage du numérique et la mise en balance des avantages et des risques à y recourir. Dans votre propos liminaire, vous évoquiez les sujets de santé, comme le Health Data Hub, et je me déclare en désaccord avec les positions communément adoptées, par exemple, par la commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) et le Conseil d'État. En effet, le risque doit être pesé, mais tout un chacun doit pouvoir utiliser les outils appartenant à l' hyperscale. Cependant, les données pourraient être utilisées, y compris à des fins de renseignement, et ces problèmes doivent être abordés.

D'autre part, il existe les enjeux de long terme, imposant de posséder une vision forte du numérique, pour la politique industrielle, la cybersécurité, les microprocesseurs ou encore les enjeux d'éducation. La Chine est un pays dont nous parlons peu en la matière, mais elle mène une politique spécifique au numérique pour l'éducation, notamment pour l'IA, employant des logiques de « silo » difficiles à mettre en place. À l'inverse, il est complexe de percevoir les effets consécutifs aux déclarations de nos autorités en la matière. L'organisation structurelle de nos institutions est-elle compatible avec le monde numérique ? Poser la question est commencer d'y répondre.

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