Intervention de Margiris Abukevicius

Réunion du mardi 8 juin 2021 à 11h05
Mission d'information sur le thème « bâtir et promouvoir une souveraineté numérique nationale et européenne »

Margiris Abukevicius, vice-ministre de la défense nationale de la République de Lituanie :

Selon nos analyses, les menaces de cybersécurité associées aux campagnes d'information ou de désinformation sont particulièrement prégnantes et de plus en plus récurrentes. Du point de vue de l'influence sur les processus électoraux, ces menaces sont aujourd'hui le premier risque à prendre en compte. De nos jours, de nombreux pays sont fortement dépendants des technologies pour l'organisation de leur processus électoral. Grâce à la technologie, il est désormais possible d'influencer ce processus. En Lituanie, la technologie est naturellement intégrée à notre processus électoral, mais elle ne remplit pas un rôle critique. Nous devons donc nous assurer que tout fonctionne bien et ne pas donner à nos ennemis l'occasion de manipuler nos élections.

Dans cette perspective, la diffusion de fausses informations dans un contexte électoral constitue un moyen d'influence de premier plan. Il s'agit d'un processus de long terme, auquel nos adversaires se préparent à l'approche de chaque scrutin. Ces stratégies peuvent sinon changer les résultats d'une élection, du moins changer l'attitude d'un gouvernement. En tout état de cause, la désinformation et l'orientation de l'opinion s'inscrivent toutes deux dans une logique de long terme.

À cet égard, je citerai le rapport de la société de sécurité FireEye sur la campagne de désinformation menée par la Russie, qui couvre une période de cinq ans. Dans cette campagne intitulée Ghostwriter, une trentaine d'actions malveillantes de désinformation ont été relevées dans plusieurs pays européens. Une vingtaine de cas ont été détectés en Lituanie, mais d'autres pays – Pays baltes, Pologne, Allemagne – ont également été impactés. Du point de vue narratif, le contenu de cette campagne de désinformation était parfaitement clair : des messages contre l'Union européenne, contre l'OTAN et contre la présence militaire internationale dans la région. Par ailleurs, ces messages tentaient d'exploiter un certain nombre de fractures sociales caractérisant les sociétés concernées. Dans la plupart des cas, la technologie cyber a été utilisée en tant que moyen pour compromettre différentes plateformes médiatiques qui ont diffusé de fausses informations. Dans d'autres cas, la technologie cyber a été utilisée en sus de la désinformation en préparation de futures cyberattaques.

En tout état de cause, les actions malveillantes de désinformation sont désormais parties intégrantes du processus électoral. Nous devons donc y prêter une grande attention et favoriser le partage de bonnes pratiques et d'expériences.

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