Intervention de Margiris Abukevicius

Réunion du mardi 8 juin 2021 à 11h05
Mission d'information sur le thème « bâtir et promouvoir une souveraineté numérique nationale et européenne »

Margiris Abukevicius, vice-ministre de la défense nationale de la République de Lituanie :

À ce stade, six États membres participent à cette initiative : la Lituanie, la Pologne, les Pays-Bas, la Roumanie, l'Estonie et la Croatie. D'autres pays ont quant à eux désigné des observateurs : s'ils ne participent pas activement à nos travaux et n'envoient pas d'experts, ces observateurs suivent attentivement nos débats et nos réflexions. La France figure d'ailleurs parmi ces pays observateurs avec qui nous partageons nos réflexions. En termes de dimensionnement, l'équipe elle-même n'est guère étoffée, puisqu'elle ne compte qu'une dizaine de membres, à savoir un représentant de chaque État membre et plusieurs experts. La direction opérationnelle du groupe est successivement assurée par chacun de ses membres, dans une direction annuelle tournante. Nous en sommes aujourd'hui à la deuxième mandature dirigée par la Pologne, sachant que la première était dirigée par la Lituanie. Nous ne chercherons pas à agrandir ce groupe à d'autres pays, puisque nous disposons précisément de la taille idoine pour fournir des réponses rapides dans le domaine de la cybersécurité. En revanche, si d'autres pays souhaitent nous rejoindre, nous pourrions créer plusieurs équipes distinctes, ce qui constitue un avantage non négligeable.

Sur le fond, nous nous interrogerons régulièrement sur la manière d'utiliser au mieux cet outil. Nous travaillons bien entendu avec les institutions européennes, non seulement au niveau politique, mais aussi de manière très concrète avec le personnel militaire afin de soutenir les opérations extérieures de l'Union européenne. Si nous disposions de plusieurs équipes, nous pourrions certainement en dédier certaines au volet militaire et d'autres au volet civil de la cybersécurité.

Nos partenaires en Europe sont évidemment les institutions communautaires et les États membres. Néanmoins, l'enjeu crucial demeure celui de notre relation avec les autres processus de l'Union européenne, qui n'est pas encore clairement établie. Bien entendu, notre équipe est encore très jeune, et nous tâchons de renforcer la visibilité de nos capacités. En tout état de cause, nous ambitionnons de nous intégrer pleinement aux mécanismes de réaction coordonnée de l'Union européenne face aux incidents de cybersécurité majeurs. La France et l'Italie jouent d'ailleurs un rôle moteur pour préparer l'Union européenne à ces incidents. Pour notre part, nous considérons notre équipe comme partie intégrante d'une boîte à outils plus large, vers laquelle l'Europe pourra naturellement se tourner pour avancer sur ce dossier.

Un autre élément majeur à prendre en compte est le fait que la Commission européenne a l'ambition politique de créer une unité commune de cybersécurité (Joint Cyber Unit). En l'occurrence, nous avons soutenu cette initiative depuis le début. Même si personne ne sait encore quelles seront précisément les attributions de cette unité commune de cybersécurité, il est certain qu'elle devrait faciliter l'échange d'informations relatives aux activités opérationnelles en matière de cybersécurité. Surtout, nous disposerons d'un bras armé et d'une équipe opérationnelle capable de soutenir les États membres. Dans ce contexte, nous devons éviter l'écueil des doublons et ne pas recréer, au niveau communautaire, des mécanismes déjà existants au niveau national. Au contraire, nous devons nous appuyer sur ce qui a déjà été mis en œuvre par les différents États membres. Avec un plus large soutien politique, nous pourrons certainement obtenir des financements pour développer certaines initiatives. En tout cas, plusieurs mécanismes fonctionnels existent déjà au niveau national.

Au-delà des institutions et des pouvoirs publics, nous travaillons également avec le secteur privé, et notamment avec de nombreux industriels français. Cette collaboration s'inscrit dans le cadre de l'initiative PESCO, mais également dans le cadre du Fonds européen de la défense, qui promeut la coopération industrielle à l'échelle communautaire. Nous avons d'ailleurs soutenu une proposition qui consisterait, avec l'appui du Fonds européen de défense, à développer une boîte à outils pour les différentes équipes, sachant que chaque pays tend à développer ses propres outils, avec les problématiques d'interopérabilité que cela représente. Il s'agirait donc de standardiser la boîte à outils à disposition des équipes de réponse aux cyberattaques, qui pourrait alors être utilisée par notre groupe comme par d'autres équipes dédiées au sein de l'Europe. Nous avons de réels espoirs que notre consortium puisse mettre en œuvre ce projet, qui devrait normalement recevoir le feu vert de la Commission européenne dans le courant du mois. Pour information, ce consortium auquel est notamment associé le groupe français Thales est dirigé par la Lituanie et réunit d'autres entreprises de pays qui, s'ils ne sont pas associés aux équipes de réaction rapide, sont fortement intéressées par la coopération industrielle, comme l'entreprise italienne Leonardo. De fait, il s'agit d'un très bon exemple de coopération industrielle européenne dans le domaine de la cybersécurité et de la cyberdéfense.

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