Intervention de Andres Sutt

Réunion du mercredi 9 juin 2021 à 9h35
Mission d'information sur le thème « bâtir et promouvoir une souveraineté numérique nationale et européenne »

Andres Sutt, ministre du commerce et des technologies de l'information de la République d'Estonie :

Je répondrai tout d'abord à vos dernières questions. Le point le plus fondamental tient au fait que les données doivent être la propriété des citoyens. La confiance des citoyens est essentielle et nécessite une totale transparence : chacun doit voir qui a accès à son dossier, à ses fichiers

Par exemple, je vis à Tallinn où la municipalité met en place une carte de transport réservée aux habitants de la ville. Il faut donc être inscrit comme habitant de la ville de Tallinn pour en bénéficier. Si je consulte mes dossiers, j'y verrai que la municipalité de Tallinn a vérifié que je suis bien habitant de cette ville. De la même manière, vous pouvez bloquer l'accès à votre dossier médical si vous souhaitez que personne ne voie vos données médicales, pas même votre docteur. Vous en avez la possibilité parce que ce sont véritablement vos données. C'est là un point extrêmement important.

Autre aspect essentiel, tout incident doit être signalé publiquement. Nous avons par exemple connu des incidents avec le système de carte d'identité numérique et nous avons toujours rendu ces incidents publics de manière à ce que nos concitoyens en aient connaissance et sachent également que le risque a été éliminé. Cela participe de la confiance que le citoyen accorde au système.

Qui a développé le système ? Ce projet a été partagé entre le secteur privé et le secteur public. Les sociétés de technologie ont apporté une aide importante. Au départ, les deux forces motrices étaient les banques et les sociétés de télécommunications qui voulaient numériser une très large partie de leurs services et les mettre en ligne pour améliorer la qualité de vie des citoyens.

Quoi que nous fassions, il reste fondamental que les citoyens soient au centre du projet. Il faut que la numérisation apporte un avantage au citoyen et que celui-ci bénéficie de systèmes plus rapides et meilleurs.

Je souligne que notre expérimentation a représenté un véritable cheminement et ne s'est donc pas construite en un jour. Pour être franc, nous n'avions pas planifié, voici vingt-cinq ans, que nous aboutirions aujourd'hui à 99 % de nos services publics en ligne. Cette évolution a été progressive et, au fur et à mesure que nous avons progressé, nous avons rencontré des problèmes que nous avons résolus. Tout cela s'est fait au fil de l'eau avec une grande coopération entre public et privé.

Ce principe a fonctionné en Estonie et je crois que d'autres pays y sont aussi parvenus. Nous serions très heureux de coopérer avec vous.

Pouvez-vous dupliquer le même système ? Il faut tenir compte des cultures, des préférences mais, d'un point de vue conceptuel, nous pouvons tout à fait partager notre expérience comme nous l'avons déjà fait avec d'autres pays, notamment des pays en voie de développement, pour les aider à construire une société numérique.

Je suis aussi ici pour apprendre de vous, apprendre de ce que vous avez pu faire mieux que nous et, également, apprendre des erreurs que vous avez commises et que nous pourrions éviter en les partageant. Il s'agit donc, pour moi, d'un dialogue dans les deux sens.

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