L'absence d'accord sur le prochain cadre financier pluriannuel empêche d'avoir une visibilité financière pour la politique agricole commune, comme pour l'ensemble des autres politiques européennes. Vous avez évoqué le Conseil prévu en février, nous verrons si nous parviendrons à un accord, ce qui est notre objectif commun. Dans un contexte où un grand contributeur quitte l'Union européenne, le partage des ressources et des charges du budget européen entre les États membres va nécessairement être bouleversé.
Ainsi que notre Premier ministre l'a réaffirmé récemment dans un entretien sur France 24, la Croatie tient au plafond budgétaire de 1,114 % du RNB proposé par la Commission, alors que la présidence finlandaise avait fait une proposition alternative à 1,07 %.
Les enjeux concernant le Green deal et la PAC illustrent le caractère de plus en plus transversal des politiques européennes. Il faut se donner les moyens de ses ambitions. Pour atteindre la neutralité carbone en 2050, tous les pays ne sont pas logés à la même enseigne, en particulier au regard de leur mix énergétique. En France, la production d'électricité est à 70 % d'origine nucléaire, ce qui n'est pas le cas dans les autres États membres. En Croatie, cette part est de 17 %. Il sera peut-être plus facile d'atteindre la neutralité carbone avec une plus grande part de l'énergie provenant du nucléaire.
L'approche transversale, c'est également parler de neutralité carbone et d'agriculture verte. Nous soutenons la proposition de faire passer les subventions aux agriculteurs qui font de l'agriculture verte de 30 à 40 %, mais il faut se donner les moyens de le faire.
Vous connaissez les difficultés, voire la détresse, des agriculteurs. La réforme des retraites propose de leur garantir un minimum de retraite de 1 000 €. C'est un magnifique message pour les agriculteurs français.
Si l'on veut pousser les agriculteurs à se tourner vers l'agriculture verte, il faut les aider, il ne faut pas que l'approche de l'agriculture verte soit punitive.
Ce sont des enjeux fondamentaux pour tous les États membres. Il faut faire preuve de pragmatisme et conserver une période de flexibilité et d'adaptation pour que chaque État membre puisse progresser à son rythme. Il faut aussi se donner les moyens de cette ambition, d'où la nécessité de ne pas sacrifier la politique agricole dans le prochain budget européen.
En tant que présidence, nous regardons ce qui se passe dans les autres États membres, et utilisons aussi notre expérience. L'Ambassadeur parlait des problèmes démographiques qui se posent dans une quinzaine d'États membres. C'est un problème qui concerne aussi le secteur agricole, avec, dans de nombreux pays, des problèmes de renouvellement des générations d'agriculteurs. C'est un sujet qui touche aussi bien à l'agriculture qu'à la politique de cohésion.
La revitalisation des zones rurales est une priorité de la présidence croate. Dans certaines régions de Croatie, on ressent tragiquement la désertification des zones rurales et le problème de renouvellement de générations. À ces difficultés s'ajoute les départs vers d'autres États membres, bien que ces migrations fassent partie de l'essence même de l'histoire européenne.
La Croatie a pour projet d'organiser une conférence ministérielle pour chercher des instruments à même de promouvoir les petites exploitations familiales, en ayant une approche humaine. Comment aider les petites exploitations familiales à se développer, attirer les jeunes dans les territoires ruraux désertifiés, leur donner des services, lutter contre la fracture numérique dans les zones rurales ? Nous promouvons le concept de « villages intelligents », où les agriculteurs peuvent obtenir l'accès au numérique, aux services, à l'éducation.
Nous avons la même approche tournée vers l'humain pour la pêche. Nous avons pour priorité de revitaliser les zones côtières et les petites exploitations et d'aider les petits pêcheurs qui travaillent sur les îles afin d'éviter leur désertification.