Intervention de Jean-Louis Bourlanges

Réunion du mercredi 19 février 2020 à 16h05
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Louis Bourlanges :

Le spectacle que vous décrivez est affligeant sur le plan politique. Nous avons trois catégories d'« États ».

La première, ce sont les États « victimaires », dont la position est très injuste. En réalité, les nouveaux venus ont été fort bien servis. La politique de convergence a beaucoup mieux fonctionné entre les États de la zone euro et les « nouveaux » qui ne sont pas dans la zone euro qu'entre les « anciens » membres qui appartiennent à la zone euro. La convergence est-ouest a relativement bien fonctionné, alors que la convergence nord-sud pose problème.

La deuxième, ce sont les États « radins », les plus riches, qui sont extrêmement réservés à l'idée de contribuer à la solidarité. Peut-on continuer à prétendre faire une Union européenne avec 1 % du revenu national brut mis en commun, alors que nous avons 45 ou 46 % de prélèvements obligatoires en France et 55 % de dépenses publiques ? Il y a quelque chose d'indécent dans l'idée que tout doit reposer sur ce 1 %.

La troisième, ce sont les États « trompe-l'œil », dont la tentation est d'effacer des priorités anciennes au profit de priorités nouvelles jugées plus médiatiques, sans considération sur l'opportunité de maintenir ces politiques anciennes.

Si l'on veut maintenir la politique agricole commune, ce n'est pas pour le plaisir de maintenir la PAC. Il faut se poser la question de savoir si la politique agricole que nous avons menée est la bonne. Si ce n'est pas la bonne, il faut en changer. Est-ce que nous avons traité la politique agricole au bon niveau en terme de subsidiarité ? Est-ce que nous devons la renationaliser ou pas ? Il faudrait poser ces questions et ne pas simplement en faire une variable d'ajustement.

Il y a une certaine indécence politique de la part des États membres à prétendre faire l'Union. Bossuet disait que « Dieu se moque des hommes qui maudissent les conséquences de ce dont ils chérissent les causes ». Nous chérissons les causes, c'est-à-dire l'absence de solidarité, et nous maudissons les conséquences, c'est-à-dire l'absence de solidarité.

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