Intervention de Danièle Obono

Réunion du mercredi 29 avril 2020 à 16h30
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDanièle Obono :

Les faits évoqués par les personnes auditionnées sont très inquiétants. D'abord, il faut faire le constat de l'échec de la procédure de l'article 7 au niveau européen. La situation s'est aggravée, notamment en raison de l'instrumentalisation de la crise sanitaire par certains pays. Les institutions européennes et les gouvernements nationaux sont impuissants. Certains pays continuent même de mettre en avant la qualité de leur coopération avec des pays enfreignant les libertés fondamentales. En outre, les critiques de certains gouvernements ne sont pas crédibles, quand les droits humains sont violés dans leur propre pays, même si les atteintes ne sont pas aussi graves qu'en Hongrie. Nous devons être le plus exemplaire possible pour que notre parole politique soit crédible. À défaut, la Hongrie aura beau jeu de rappeler, par exemple, que la France a renouvelé à plusieurs reprises un État d'urgence dont certains aspects n'étaient pas conformes au droit européen. On pourrait également évoquer la politique française à l'égard des migrants.

Ensuite, je pense que la longueur de la procédure s'explique aussi par le fait que la politique migratoire menée par M. Orban correspond aux intérêts de certains, car elle s'inscrit dans la stratégie de construction d'une Europe forteresse. Plus largement, comme la politique économique néolibérale appliquée par la Hongrie est conforme aux politiques prônées par l'Union européenne, les leviers d'action sur le pouvoir hongrois sont réduits. J'ajoute que scinder les droits fondamentaux en droits économiques et sociaux, d'une part, et droits politiques, d'autre part, pose problème, car les politiques néolibérales d'austérité se font au détriment de la population. Les politiques économiques imposées par l'Union sont régressives pour les populations, et nourrissent le ressentiment de ces dernières à l'égard de l'Europe.

Enfin, comment faire pour que les sanctions financières et les conditionnalités des fonds européens ne se fassent pas au détriment des populations, et ne soient pas utilisées par le pouvoir pour renforcer le nationalisme autoritaire ? Par ailleurs, comment concilier ingérence de la Commission européenne et respect de la souveraineté des États ?

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