Sans rentrer dans une logique purement protectionniste, on ne peut pas poursuivre dans la naïveté qui fut la nôtre en matière commerciale. La nécessité de renforcer le contrôle sur les investissements étrangers, notamment dans les secteurs stratégiques, apparaît être une priorité fondamentale. D'autres pays le font comme la Chine ou les États-Unis. Il n'y a pas de raison que les Européens s'en privent. Dans la même idée, l'exigence de réciprocité doit prévaloir en matière de marchés publics.
La politique de concurrence telle qu'elle a été pensée ces dernières années a conduit à des situations grotesques telles que l'épisode d'Alstom-Siemens. Et doit repenser ces politiques de concurrence pour avoir des champions européens avec un poids suffisamment important, par exemple dans le domaine ferroviaire, pour être capable de concurrencer les autres grandes entreprises mondiales.
Sur la mutualisation des produits de santé, la crise que l'on est en train de vivre a d'abord été sanitaire et a démontré l'extrême vulnérabilité des pays européens : manque de masques, de tests, de principes actifs pour les médicaments et pour les vaccins. Ceci démontre que l'on avait délégué ces politiques à d'autres régions du monde. Il faut à présent que l'on se prenne en charge.
Un dernier mot sur ce que disait Constance Le Grip à propos du parallèle avec la crise de 2008. Entre 2008 et 2012, on a eu des plans de soutien, mais aussi des politiques d'austérité très dures pour certains pays. Ce que je voulais dire, c'est que la réponse que les Européens apportent aujourd'hui à la crise est une vraie politique de solidarité qui permet des transferts des pays les plus riches vers les pays les plus touchés sans imposer de contreparties très difficiles pour les pays en question : cela est inédit.