Je remercie les deux rapporteurs pour leur présentation et leur travail.
Si le constat qu'ils dressent dans la proposition de résolution est, me semble-t-il, partagé, je suis en désaccord avec eux sur les conclusions qu'ils en tirent en matière d'ambitions. De fait, ni le texte discuté aujourd'hui au Parlement européen, ni certains des éléments inscrits dans la proposition de résolution, ne sont à la hauteur de la situation actuelle.
Monsieur le rapporteur, je suis d'accord avec vous : souvent les objectifs fixés ne tiennent pas compte de la capacité des États à les atteindre. Mais le problème est dû au fait qu'on s'inscrit dans un système productiviste, extractiviste et qu'on maintient un paradigme économique qui empêche de sortir d'une vision incrémentale de la réduction des gaz à effet de serre. Le même Parlement européen qui est en train de débattre de la « loi climat » a adopté les accords de libre-échange qui vont contribuer à augmenter les émissions de gaz à effet de serre ! À ce propos, le Haut Conseil pour le climat s'est prononcé, dans un récent rapport, en faveur de la prise en compte de l'empreinte carbone des importations ; nul doute que celle-ci alourdirait le bilan carbone de la France. Cet exemple montre que, tant qu'on maintiendra le schéma économique actuel, on ne pourra qu'aller de frustration en frustration.
Nous défendons quant à nous, avec un certain nombre d'organisations non gouvernementales, un objectif plus ambitieux, mais dans la perspective d'une remise en cause de notre système de production et d'échanges, seule à même de favoriser la transition dont on parle beaucoup mais qu'on ne se donne pas les moyens de réaliser, ni au niveau national ni aux niveaux européen et international.
L'objectif de réduire de 55 % les émissions de gaz à effet de serre a été revu à la baisse, puisqu'il est fixé à 60 % dans le texte de la commission de l'environnement. Or, ce chiffre repose sur des calculs qui ne correspondent pas aux estimations de l'ONU, selon laquelle les émissions globales doivent baisser de 7 % par an d'ici à 2030 pour que la hausse de la température reste en deçà d'1,5 degré. Ainsi, l'objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de l'Union européenne devrait être de plus de 65 %.
Enfin, les deux principaux instruments de l'Union européenne en matière de lutte contre le réchauffement climatique, c'est-à-dire le système communautaire d'échange de quotas d'émission, qui est responsable d'un prix du carbone trop bas et constitue de vastes réserves de permis à polluer, et le règlement de répartition par l'effort, sont inadéquats.
L'ambition doit être à la hauteur du danger civilisationnel qui nous menace et dont les événements climatiques sont l'expression. Or, aucun gouvernement n'en a pris la mesure. C'est grâce à la mobilisation de la jeunesse et des ONG notamment que ces discussions peuvent avoir lieu, mais des efforts restent à faire, aux niveaux national et européen.