Monsieur Pichereau, vous portez un regard positif sur les prévisions du Conseil, à savoir une réduction de 55 %. Je ne suis pas tout à fait d'accord sur ce point, comme je l'ai indiqué : évitons de nous fixer des objectifs inatteignables. Dans son rapport, qu'elle a publié très tardivement, juste avant la publication des textes – ce qui n'est pas un bon signe –, la Commission indique que l'objectif de 55 % est presque atteignable. Mais elle est juge et partie : elle rédige, et le texte et le rapport ! Or, selon les analyses de l'Agence européenne pour l'environnement ou du Haut conseil pour le climat, nous sommes à 36 %...
Il est proposé, par ailleurs, de créer un panel européen. Pourquoi pas ? Je ne vois pas d'inconvénient à ce que nous rassemblions les énergies en Europe, un peu sur le modèle du GIEC, sur les brisées duquel il ne risque pas de marcher. Après tout, l'Union a toujours été allante sur la question climatique.
Monsieur Bourlanges, je partage votre avis. Nous avons voulu insister, dans la proposition de résolution, sur la nécessité de prévoir un point de passage en 2040. Rendez‑vous compte : alors que nous discutons de l'objectif 2030, que nous ne sommes même pas certains d'atteindre, loin s'en faut, on fait comme si, en 2050, tout ira bien car la neutralité sera atteinte. On ne peut pas ne pas fixer un objectif intermédiaire : vingt ans, c'est une éternité ! C'est pourquoi nous avons voulu inscrire dans notre proposition de résolution un point de passage en 2040 mais sans le chiffrer, pour éviter de raconter des sornettes.
Sur le mécanisme d'ajustement aux frontières, nous sommes d'accord ; nous l'avons du reste mentionné dans la proposition de résolution. Un tel mécanisme est complexe : il doit notamment être compatible avec les règles de l'OMC. Mais la Commission et le Parlement européen ont décidé d'avancer, si bien que, d'ici à juin 2021, nous devrions disposer de rapports structurés sur le sujet.
Madame Obono, il faut, dites-vous, rehausser nos ambitions. Je veux bien…