Intervention de Marietta Karamanli

Réunion du mercredi 7 juillet 2021 à 16h00
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarietta Karamanli, rapporteure :

Notre vision doit aussi prendre en compte la dimension structurelle. Selon nous, construire une Europe résiliente capable de faire face aux crises sanitaires, suppose également des actions ambitieuses dans deux domaines.

D'abord, dans le domaine industriel. Il est vital de développer une autonomie stratégique au niveau européen. Elle suppose de diversifier notre chaîne d'approvisionnement pour limiter les pénuries en cas de crise ainsi que de procéder à des relocalisations ciblées sur des niches stratégiques. La stratégie pharmaceutique industrielle de l'UE doit contribuer à cet effort d'autonomie. La souveraineté consiste aussi à avoir des garanties d'approvisionnement temporaires ou avoir des secteurs où l'Europe produit, garde des compétences de transfert ou de valorisation au titre d'une sécurité et d'une réciprocité avec les investisseurs hors de l'Union européenne.

Pour le cas français, le Conseil d'analyse économique (CAE) a dressé une liste de produits stratégiques qui pourraient être concernés par ce type de mesures. Nous pensons que dresser une liste similaire à l'échelle européenne serait un premier pas concret vers le développement d'une autonomie stratégique qui nous fait cruellement défaut.

Le deuxième axe de propositions, qui nous semblent importantes, concerne la recherche. Notre approche en matière de recherche n'est pas assez ambitieuse, nos investissements restent en dessous des objectifs de la Stratégie de Lisbonne, soit 3 % du PIB.

L'écosystème européen ne permet pas les synergies nécessaires entre la recherche fondamentale, l'innovation et la production. Les cas de BioNTech, Curevac ou encore Valneva qui n'ont pas trouvé, ni au niveau national ni au niveau européen, le soutien financier qu'ils attendaient pour développer leur vaccin démontrent cette faille. A contrario, Moderna a bénéficié depuis plusieurs années d'un soutien constant de l'agence américaine Biomedical advanced research and development authority ( BARDA).

Partant de ce constant, nous plaidons pour que la recherche soit considérée comme un investissement de long terme et non un coût. La nouvelle agence sanitaire de préparation et de réaction aux crises sanitaire (HERA) jouera un rôle déterminant à travers la mise en place de partenariats publics-privés.

Cette vision de long terme devrait également s'appuyer sur des liens renforcés pour la communauté scientifique européenne ; en ce sens, construire un cloud européen des données de santé serait un premier pas important.

En matière sanitaire plus spécifiquement, nous soutenons les propositions présentées par la Commission européenne le 11 novembre 2020. Elles prévoient une préparation aux menaces transfrontalières ainsi que le renforcement du mandat des deux agences sanitaires. Ces propositions démontrent que les institutions européennes ont su diagnostiquer les failles du système existant et tentent d'y apporter des solutions. Nous pensons qu'elles devraient être complétées par des propositions plus ambitieuses sur deux points. Premièrement, les deux agences devraient jouer un rôle de premier plan dans les crises sanitaires futures. En renforçant leur mandat nous espérons qu'elles seront les garantes de l'autonomie intellectuelle de l'Union. Deuxièmement, leurs fonctions de communication doivent être renforcées afin que leur rôle soit mieux compris et évalué par nos concitoyens.

Nous soutenons la création de l'HERA, chargée de financer la recherche européenne et de permettre ainsi une préparation aux crises coordonnée. Nous pensons également que sa gouvernance devrait être soumise à une obligation de résultats évalués régulièrement.

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