Le groupe La France insoumise soutiendra cette proposition de résolution européenne qui nous semble arriver à point nommé, après les éléments quelque peu contrastés, pour ne pas dire franchement inquiétants, de la COP26 et, il y a vingt-quatre heures à peine, le vote de la réforme de la politique agricole commune qui ne nous paraît pas aller dans le sens de la prise de conscience que tout le monde prétend pourtant avoir de la situation d'urgence climatique.
Contrairement à notre collègue du groupe La République en marche, nous ne pensons pas que, de COP en COP, le risque d'augmentation de la température aille diminuant. Bien au contraire, un tel propos va à l'encontre de toutes les estimations et de l'urgence qu'ont rappelée, à l'échelle internationale, les scientifiques, les climatologues et les personnels sanitaires. Il y a urgence et, pour mener cette lutte d'adaptation et de préservation de l'environnement, nous ne pensons pas que le problème soit une question de moyens financiers, techniques et humains ; c'est une question de volonté politique.
Comme l'indique le rapport, il existe une sorte de contradiction à vouloir maintenir un carcan budgétaire qui ne permet pas de déployer les moyens dont nous disposons pour opérer non pas une simple transition, mais une véritable bifurcation écologique. Il faut remettre en cause le fonctionnement même de notre système économique, qui est à l'origine du dérèglement climatique. En essayant de concilier ce qui n'est pas conciliable, en souhaitant allier rigueur budgétaire et transition écologique, on ne fait que de la rigueur budgétaire. Nous constatons d'ailleurs que la plupart des gouvernements s'empressent de vouloir refermer la parenthèse ouverte par l'épidémie.
Exclure les dépenses environnementales des règles budgétaires nous semble une mesure nécessaire. D'un autre point de vue, il est urgent de supprimer purement et simplement ces deux contraintes qui n'ont jamais eu véritablement d'explication scientifique ni économique et qui sont surtout le produit d'un dogmatisme néolibéral. Il faudrait se libérer de ce carcan et se donner des marges de manœuvre budgétaires en menant, par exemple, une lutte déterminée et ferme contre l'évasion fiscale, qui représente des milliards et des milliards d'euros volés aux États. Or, aujourd'hui, nous assistons plutôt au niveau européen à un recul en la matière en refusant, par exemple, d'élargir la liste noire des pays non coopératifs aux paradis fiscaux existant sur le territoire communautaire. Les derniers scandales très récents d'évasion ou d'optimisation fiscale viennent nous rappeler cette réalité.
Il est nécessaire d'investir massivement pour réduire les gaz à effet de serre, développer les énergies renouvelables, passer d'une agriculture industrielle à une agriculture paysanne et biologique, et agir sur des secteurs industriels comme l'industrie aérienne ou l'industrie du numérique, qui pollue deux fois plus ! Il convient de changer les règles, d'interdire l'obsolescence programmée qui participe de cette surconsommation et de cette pollution. Il s'agit enfin de mettre un terme aux accords de libre-échange que l'Union européenne continue de vouloir conclure, qui participent aussi du dérèglement du monde, de son déménagement permanent, y compris de conditions d'exploitation à l'autre bout de la planète dont les conséquences écologiques, si elles sont délocalisées, n'en ont pas moins un impact sur nous tous.
Telles sont quelques-unes des raisons pour lesquelles nous pensons que cette proposition de résolution européenne va dans le bon sens. Ce devrait être l'un des enjeux de la présidence française du Conseil de l'Union européenne, si nous voulons que cette dernière ait un véritable impact aujourd'hui, mais surtout demain, pour l'avenir de nos économies, de nos sociétés et de la planète dans son ensemble.