Monsieur le rapporteur, je vous félicite d'avoir déposé cette proposition de résolution européenne. À la lecture de votre rapport, on ne peut que s'interroger sur la cohérence de la politique de défense de l'Union européenne alors que celle-ci lance une série de projets relatifs à la taxonomie de la finance durable. Cette dissonance – pour ne pas reprendre le terme « schizophrénie » employé par certains spécialistes des questions de défense – ne peut qu'inquiéter les entreprises de la BITD et nous amène à nous interroger sur la sincérité de l'investissement envisagé à travers le Fonds européen de défense. L'Union européenne s'apprête en effet à adresser un message très fort au secteur bancaire : au mieux, l'industrie de défense ne serait pas ou plus un secteur d'avenir durable ; au pire, elle deviendrait un secteur nocif et socialement toxique. Or, quel que soit le montant octroyé au Fonds européen de défense, celui-ci ne pourra jamais se substituer aux acteurs bancaires et financiers.
À l'occasion des dernières Rencontres économiques d'Aix-en-Provence, la ministre des armées s'est exprimée fermement à ce sujet : « On a potentiellement de quoi faire, mais à une condition : c'est que l'Europe ne s'attaque pas, par le biais de la loi et de la jurisprudence, à des politiques sur lesquelles nous voulions investir en tant qu'Européens. Et je pense par exemple à la taxinomie. Dire que le nucléaire est mal, c'est se tirer une balle dans le pied. Dire que les activités de défense ne doivent pas être financées par les organisations financières et les banques, au même titre que les activités pornographiques, c'est choquant. »
On peut également s'interroger sur la volonté de certains États membres d'abandonner définitivement leur défense à des pays tiers ou, dit autrement, sur le risque de renoncement à une souveraineté et à une indépendance stratégique de l'Europe, alors que le contexte international devient chaque jour plus dur. Quelle est votre analyse sur ces questions ?