Intervention de Christophe Blanchet

Réunion du mercredi 19 mai 2021 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristophe Blanchet, co-rapporteur :

Notre rapport relève ensuite un paradoxe : comme en témoigne la multiplication de textes législatifs créant des réserves ou modifiant des statuts de réservistes, les réserves ont le vent en poupe ! Depuis 2015, elles sont devenues une priorité politique affichée. Pourtant, l'application des textes adoptés n'est que très peu évaluée, elle ne fait que très peu l'objet de contrôle parlementaire et ces dispositifs sont toujours largement méconnus du grand public.

La réserve reste une affaire d'initiés, avec un recrutement relativement endogame dans les réserves de sécurité et de défense pourtant censées être largement ouvertes à la société civile. La bonne connaissance des dispositifs par les réservistes et ceux qui les gèrent contraste avec la méconnaissance des réserves dans la population générale. Cette méconnaissance porte directement préjudice aux réservistes, en particulier militaires. Leurs employeurs ne comprennent en effet pas bien ce qu'ils font et craignent de devoir les libérer sans contrepartie à tout moment pour des durées indéterminées. Comme l'ont souligné les bénévoles de l'association des Jeunes IHEDN, les réservistes ne disposent pas de ressources pour expliquer leur statut de réserviste à leur employeur.

La difficulté à s'orienter dans le maquis des réserves a été soulignée par tous les acteurs entendus par la mission d'information. Au-delà de ce défaut de lisibilité, de nombreux malentendus naissent de ce que les réserves se voient attribuer des objectifs multiples, souvent tacites. Le premier objectif des réserves militaires, par exemple, mis en évidence par l'article L. 4211-1 du code de la défense, c'est de permettre « à tout citoyen d'exercer son droit à contribuer à la défense de la nation ». Des jeunes s'orientent donc vers les réserves militaires, s'engagent dans un processus de recrutement qui peut durer plusieurs mois et bénéficient d'une formation, au nom du rayonnement et de l'ouverture des réserves. Las ! Beaucoup d'entre eux ne seront, en réalité, jamais employés par la suite dans la réserve, faute de missions pour eux, ou les missions qui leur seront offertes, comme la garde d'emprise ou la mission Sentinelle, sont en décalage avec l'image que ces jeunes gens se faisaient de la réserve. Par exemple, dans la Marine nationale, les réservistes n'ont quasiment aucune chance de servir sur un bateau, ce qui est logique puisqu'il n'y a pas de bateau en réserve, mais n'est pas aperçu de beaucoup de jeunes.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.