Nous avons tous deux été choqués par l'existence de « réservistes clandestins », c'est-à-dire d'hommes et de femmes qui, dans leurs entreprises, ne disent même pas qu'ils sont réservistes, de peur que cela soulève des questions sur leur disponibilité, malgré la protection accordée par la loi et la possibilité qui leur est faite de prendre jusqu'à huit jours dans les entreprises de plus de 250 salariés. En réalité, beaucoup de réservistes effectuent leurs périodes de réserve sur leurs jours de congés pour ne pas le dire. Et j'ose à peine parler d'un témoignage qui m'avait marqué, celui d'une jeune instructrice réserviste de la gendarmerie qui était par ailleurs professeur des écoles dans un établissement d'éducation prioritaire (REP+). Naïvement, je lui avais demandé si elle parlait de la réserve avec ses jeunes parce que, encore une fois, il y a tout un volet de travail à faire sur nos jeunes pour qu'ils comprennent ce qu'est la réserve, et elle m'avait répondu : « Surtout pas ! Si jamais ils apprennent que je suis réserviste de la gendarmerie, je me mets en insécurité. » Comme le dit Christophe Blanchet, nous raisonnons jusqu'en 2030 mais c'est un vrai problème aujourd'hui. C'est aussi la raison pour laquelle les parallèles avec d'autres pays, qui sont parfois des modèles en matière de réserves, sont limités. Ils ont une histoire que nous n'avons pas. À nous d'essayer de la créer ! Mais le défi est compliqué à relever. Je suis néanmoins tout à fait solidaire de cette idée de Christophe Blanchet. En revanche, sur le jour férié, vous savez que je suis un peu plus âgé que mon collègue et je reste traumatisé par l'une des premières propositions de Valéry Giscard d'Estaing qui avait été de supprimer le 8-Mai. Cela partait d'un très bon sentiment mais le pays n'était pas mûr et je ne suis pas sûr qu'il le soit davantage aujourd'hui.