Intervention de Christophe Blanchet

Réunion du mercredi 19 mai 2021 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristophe Blanchet, co-rapporteur :

Monsieur Fiévet, vous avez raison : il faut que les ministères se parlent. Votre expérience de pompier professionnel – chacun ici connaît l'ampleur de votre engagement – vous permet de disposer d'une rare expertise en la matière, et vos propos rejoignent d'ailleurs les constats et préconisations de notre rapport. Il nous faut ainsi valoriser davantage la sécurité civile. Mais pour ce faire, nous devons aussi nous poser les questions de son animation, de sa coordination comme de sa gestion, et certaines des propositions de notre rapport tentent d'y répondre.

En réponse à Mme Monica Michel-Brassart, la répartition des jours d'activité apparaît très disparate selon les réserves et les réservistes – certains sont très employés quand d'autres se plaignent d'un sous-emploi chronique. J'ajoute qu'il est complexe de se séparer d'un réserviste qui ne donnerait pas satisfaction. En conséquence, au sein de certaines réserves, des réservistes cessent tout simplement d'être appelés, et ce sans aucune explication. Sans surprise, de telles pratiques sont sources de frustrations pour les réservistes concernés, qui ne se sentent pas reconnus. À nos yeux, il faut donc remédier à ce manque de transparence et créer les protocoles permettant d'écarter des réserves celles et ceux qui ne font pas l'affaire ou pourraient être orientés vers d'autres réserves que celle dans laquelle ils se sont engagés. L'une des propositions de notre rapport a d'ailleurs trait à la création de passerelles entre différentes réserves, ce qui rejoint d'ailleurs le témoignage de notre collègue Sereine Mauborgne.

De la même manière, alors que les pompiers professionnels sont tenus d'informer leur hiérarchie de toute condamnation, civile ou pénale, dont ils feraient l'objet, une telle obligation ne pèse pas sur les réservistes. Une enquête est certes réalisée au moment de l'engagement, mais par la suite, un réserviste condamné n'est pas contraint de faire état de sa condamnation. Nous pensons que cela pose une difficulté à laquelle il convient de remédier. Il s'agit également de protéger les réserves et de veiller à leur exemplarité. Si, pour des raisons évidentes, il ne m'est pas possible d'évoquer publiquement des cas particuliers, je citerai néanmoins l'exemple d'une personne qui, condamnée au civil, s'est révélée avoir trafiqué le produit issu de la vente de calendriers effectuée dans le cadre de son engagement. Or, nous pouvons raisonnablement penser que sa hiérarchie aurait fait preuve de davantage de vigilance si elle avait été informée de cette précédente condamnation.

Monsieur Delatte, s'agissant des réserves citoyennes, il est nécessaire de préciser et de clarifier les missions effectuées par les réservistes citoyens, et de veiller à améliorer leur animation. Une nouvelle fois, nous pensons que les ministères gagneraient à se parler davantage. Car en définitive, avec mon co-rapporteur, il nous semble que l'écueil principal des réserves tient à leur manque de structuration, et que c'est notamment ce qui nous empêche de satisfaire pleinement les envies de nos concitoyens de s'engager au service de la Nation. J'ajoute également que notre proposition n° 53 invite à limiter la confusion liée à l'usage de grades et d'uniformes.

Enfin, avant de conclure, je souhaite adresser mes plus sincères remerciements à mon co-rapporteur, M. Jean-François Parigi. Notre collaboration au cours des six derniers mois me semble témoigner du sens que je donne à notre mandat de député : travailler ensemble, au service de l'intérêt général, dans le but de contribuer à l'amélioration des choses. Nous avons travaillé en bonne intelligence et de manière tout à fait sympathique, nonobstant le fait qu'il n'a pas résisté à la tentation de me filmer pendant que j'expérimentais le menottage rigoureux de deux instructeurs réservistes au camp de Beynes ! (Sourires) Je voulais savoir ce que ça faisait ; je n'ai pas été déçu ; c'est très efficace ! Il me semble également utile de rappeler que pour éviter que notre rapport ne serve qu'à caler un meuble, nous avons besoin de vous tous, chers collègues, afin d'en valoriser les propositions et de le diffuser le plus largement possible. Autrement, il finirait par se perdre dans la réserve des rapports parlementaires…

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