Je souscris au fait qu'il faudrait une convergence, et en tout cas une étude analytique des diverses propositions pour mettre en commun ce qui peut être nécessaire pour faire avancer les choses.
Je vais porter un regard épidémiologique sur le sujet dont nous parlons. Dans ce domaine, on est confronté à un problème de qualité et d'exhaustivité des données. Ayant participé à la commission d'enquête sur la pollution des sols d'origine minière ou industrielle, j'ai constaté l'existence de multiples intervenants, une cartographie incomplète, un partage, voire un oubli des données anciennes. La constitution de bases de données d'exposition environnementale me paraît être un élément indispensable. Comment devrait-on s'y prendre pour constituer ce que l'on pourrait appeler un registre d'expositions, dont l'existence conditionne un suivi de qualité ?
Il en est de même pour les données de santé. Nous n'avons pas de registre national des cancers, pour ne parler que de cette pathologie. Le fait que les registres de cancer ne portent que sur 20 % de la population n'est-il pas un frein pour avoir une vision plus claire et pouvoir scientifiquement étayer les études ? Que pensez-vous de la suggestion consistant à les étendre, sachant que d'autres suivis épidémiologiques sont nécessaires ?
Ma dernière question porte sur la santé au travail. On y bénéficie d'un très grand nombre de données qui, certes, ne sont pas des données environnementales au sens de l'exposome, mais peuvent être des éléments d'alarme ou d'alerte sur des expositions, puisque le milieu professionnel se caractérise par une acutisation de l'exposition. Comment envisagez-vous d'intégrer les données de santé au travail dans la veille épidémiologique ?
Pour terminer, la santé environnementale renvoie en définitive à l'eau, à l'air et au sol. Est-ce que le comité de suivi s'engage dans une démarche à la fois large et la plus précise possible sur les pollutions multiples, sur les expositions inhabituelles que nous subissons ? Je pense par exemple aux ondes, qui affectent de façon majeure notre environnement depuis un certain nombre d'années. Or, on ne parvient pas à mettre en place des cohortes suffisamment pertinentes et larges pour permettre de valider ou invalider un lien avec certaines pathologies que l'on évoque de façon récurrente, mais pour lesquelles on n'a pas pu conclure jusqu'ici.
Une toute dernière question : on n'évoque pas l'Europe et la possibilité de créer un comité européen de suivi, alors que les expositions dont nous parlons aujourd'hui concernent nombre de pays européens. Or, créer de très grandes cohortes permettrait d'être plus efficace pour tirer des conclusions statistiques robustes en matière d'épidémiologie.