‑ Je suis un peu gêné par la définition même que vous donnez de la santé environnementale. En effet, si l'on prend en compte les aspects de la santé humaine et les maladies déterminés par des facteurs physiques, chimiques, biologiques, sociaux, psychosociaux et esthétiques de notre environnement, il ne reste pas grand-chose d'autre susceptible d'affecter la santé. Vous travaillez sur l'obésité, c'est un sujet majeur. Est-ce un sujet d'environnement ? Peut-être. Un sujet de société ? Certainement. Mais c'est aussi hélas une affaire simplement médicale, parce qu'il y a des situations où l'état de nos malades frappés d'obésité n'est pas la conséquence d'une mauvaise volonté de leur part, d'un comportement inadéquat ou d'un environnement hostile. Quant à la dimension esthétique de l'environnement, est-ce que l'on peut en arriver à établir un lien entre, par exemple, la prévalence de l'alcoolisme et un paysage dégradé ? À quoi tient le fait que l'alcoolisme est plus développé dans certaines régions de France que dans d'autres ? Je n'aurai pas la cruauté de donner les classements… Est-ce que l'on peut incriminer un environnement dont la luminosité plus faible entraîne une sorte de pessimisme, combattu par l'alcool ? Je trouve que votre définition aboutit à affaiblir l'impact de l'environnement. En effet, si vous prenez le métro de façon habituelle, vous avez beaucoup plus de chance d'être exposé à des particules de fer que dans la rue : le métro est l'endroit où il y en a le plus.
À plusieurs moments, vous avez évoqué la nécessité de faire converger les efforts de toutes les personnes qui réfléchissent sur le sujet. Je partage cet objectif. Vous avez parlé du CESER, qui est une institution sympathique où l'on échange beaucoup. Mais au moment de prendre des décisions, c'est le Conseil régional qui tranchera, pas le CESER. Au demeurant, comme vous le dites très justement, les régions n'ont pas la compétence santé.
Je retire de tout ceci le sentiment que « qui trop embrasse mal étreint ». On aimerait que ces considérations soient plus exigeantes et peut-être plus centrées sur des aspects vraiment environnementaux avant d'être sociétaux. L'environnement pèse évidemment sur la société – je ne vais pas reprendre ici la thèse d'André Siegfried sur l'influence supposée de la géologie sur le comportement des électeurs, caricaturée par la formule « le calcaire vote à gauche et le granit vote à droite ». Mais si l'on dit tout, on finit par ne rien maîtriser. C'est un peu mon inquiétude quant à la façon d'aborder le sujet.