‑ Je souhaite d'abord rappeler les points clés des conclusions de ce rapport, en lien avec le « résumé à l'intention des décideurs ». Le rapport s'appuie sur l'évaluation des éléments de connaissance dans environ 14 000 publications scientifiques. Une analyse du CNRS montre une proportion importante de recherches françaises parmi ces publications.
Le rapport a été rédigé par 234 chercheurs originaires de 65 pays, dont une douzaine de chercheuses et de chercheurs français qui ont assuré différents rôles : auteurs principaux, éditeurs de la relecture ou coordinateurs de chapitre. La relecture est un point clé, car les rapports du GIEC ont vocation à faire le point sur l'état des connaissances de manière neutre, en faisant une évaluation rigoureuse, exhaustive, objective et transparente. La base, ce sont les publications scientifiques et les éléments scientifiques qu'elles contiennent. L'évaluation permet de distinguer ce qui est robuste, ce qui peut être émergent et ce pour quoi l'on peut voir, sur certains aspects, des limites à nos connaissances. Il faut alors cartographier ces limites. Par ce processus, les évaluations des rapports du GIEC contribuent à la maturation de l'état des connaissances. Les chapitres du rapport sont relus en deux étapes par les volontaires de la communauté scientifique, soit des milliers de personnes, et par les experts nommés par les gouvernements. Ceux-ci contribuent également à la relecture de la dernière version du résumé à l'intention des décideurs et participent à son approbation, ce qui permet de s'assurer que le résumé à l'intention des décideurs reflète de manière équilibrée les conclusions clés qui se dégagent de ce travail considérable et que celles-ci sont exprimées clairement. Tout ce long travail permet d'avoir un socle scientifique commun, reconnu par tous les pays et utilisé comme une référence, par exemple dans les négociations internationales sur le climat.
Premier constat : même si l'on sait depuis des décennies que le climat change, les changements climatiques en cours sont généralisés, du haut des montagnes, du sommet de l'atmosphère jusqu'au fond de l'océan, soit toutes les régions à la surface de la terre. Ils sont rapides par rapport à la variabilité naturelle du climat et ils s'intensifient. Dans leur ensemble, ces changements sont inédits au regard d'échelles de temps de quelques milliers d'années, tant en termes d'amplitude que de vitesse.
On observe dans l'atmosphère une augmentation de la température des basses couches, une augmentation de la quantité de vapeur d'eau et des changements dans sa circulation. Des modifications visibles affectent les zones enneigées et englacées : un recul de la glace de mer près de l'Arctique, un recul généralisé des glaciers, une baisse d'enneigement en moyenne montagne et autour de l'hémisphère nord, une fonte accrue des glaces du Groenland, un écoulement plus rapide de certains secteurs de l'Antarctique et un dégel des sols gelés, en montagne comme dans les régions polaires.
L'océan montre un réchauffement en surface et en profondeur, une acidification, une montée du niveau des mers et des déplacements d'espèces marines. Au-dessus des continents, on voit des changements dans la répartition des précipitations. On observe également un allongement de la saison de croissance des végétaux, un effet de verdissement, vu de l'espace, et dans certaines régions un brunissement et des déplacements d'espèces au-dessus des continents.
Prenons l'un des indicateurs de l'état du climat, à savoir les changements de température moyenne à la surface des continents et de l'océan ; c'est un indicateur pertinent, en particulier pour les conséquences à la surface du globe. Par rapport à la fin du XIXe siècle, qui est une approximation du climat préindustriel, le réchauffement se poursuit – la plage d'incertitude est présentée dans le rapport. Chacune des dernières décennies a successivement été la plus chaude et sur les dix dernières années, le réchauffement atteint en moyenne 1,1° C par rapport à 1850-1900. Si l'on compare ce réchauffement observé à des simulations climatiques qui prennent en compte les facteurs naturels comme l'activité du soleil ou l'occurrence d'éruptions volcaniques, aucun de ces facteurs naturels n'entraînerait un réchauffement et une accumulation de chaleur dans le système climatique. Si l'on prend en compte aussi les facteurs humains qui agissent sur le climat et perturbent le bilan d'énergie de la Terre, les rejets de gaz à effet de serre, les rejets de particules de pollution créant un « effet parasol », les modifications dans l'utilisation des terres qui vont jouer sur la réflexion du rayonnement solaire à leur surface, etc., le réchauffement simulé est alors comparable à celui qui est observé.
Enfin, si l'on met le réchauffement observé en perspective avec une reconstitution des variations historiques de température à la surface de la Terre, le réchauffement actuel est une rupture par rapport à un léger refroidissement intervenu au cours des derniers siècles et il est inédit à l'échelle de plus de 2 000 ans. En fait, on est en train de sortir de la plage de températures la plus chaude de la période interglaciaire actuelle, qui prévalait il y a environ 6 000 ans. Je précise qu'à l'échelle de notre espèce homo sapiens, la période la plus chaude connue était la précédente période interglaciaire, il y a environ 125 000 ans. Dans nos estimations, la plage de réchauffement était de l'ordre de 0,5 à 1,5° C de plus que le climat préindustriel.
L'ampleur des changements, que ce soit leur vitesse ou l'état de nombreux aspects du système climatique, est sans précédent à l'échelle de centaines ou milliers d'années. Par exemple, nous ajoutons des quantités colossales de dioxyde de carbone dans l'atmosphère, environ quarante milliards de tonnes chaque année. De cette quantité, environ 56 % sont repris par la végétation des sols et par l'océan, ce qui conduit à son acidification. Le reste s'accumule dans l'atmosphère, en plus des émissions précédentes, et va avoir un effet à très long terme. Le niveau actuel de CO2 dans l'atmosphère est le plus élevé depuis plus de 2 millions d'années.
L'une des conséquences d'un climat qui change est la montée du niveau des mers. Elle résulte du fait que l'océan se réchauffe, donc gonfle, et de la fonte des glaciers avec des contributions majeures du Groenland et de l'Antarctique. Le niveau des mers a monté d'à peu près 20 centimètres au XXe siècle. Le rythme actuel est de l'ordre de 3,7 millimètres par an. Il y a eu une accélération depuis les années 1990 du fait d'une perte de masse croissante du Groenland et de l'Antarctique, au-delà de celle des glaciers et de l'expansion de l'océan. Le rythme de montée du niveau des mers et son amplitude est inédit depuis plus de 3 000 ans. De la même manière, on observe un recul des glaciers dans la plupart des régions du monde qui est sans précédent depuis plus de 2 000 ans.
Notre analyse des causes du réchauffement observé dû aux activités humaines s'appuie sur deux sources d'information.
Les premières sont des études d'attribution qui, en combinant simulation et observation, permettent de conclure sur le rôle de chaque facteur, naturel ou anthropique, dans le réchauffement observé. Pour expliquer celui-ci, notre meilleure estimation est que l'intégralité du 1,1° C observé est la conséquence de l'influence humaine sur le climat depuis la révolution industrielle, avec l'effet réchauffant des gaz à effet de serre – qui a continué à augmenter depuis notre précédent rapport de 2013. L'effet dominant, réchauffant, des gaz à effet de serre est en partie compensé par l'effet refroidissant des particules de pollution. Celles-ci renvoient vers l'espace une partie du rayonnement solaire, directement ou en favorisant la formation de certains nuages. Elles sont émises notamment quand on brûle des combustibles fossiles. Les politiques publiques ciblant la qualité de l'air, ces dernières années, ont conduit à une réduction des émissions de ces particules et une atténuation de leur effet de masque. Les évolutions ont été contrastées selon les régions : une forte hausse des émissions en Europe et en Amérique du Nord dans les années 1950 à 1980, puis une baisse. Actuellement, c'est une hausse dans d'autres régions, par exemple en Asie du Sud. Je précise que les particules restent concentrées près des zones industrialisées et elles retombent lorsqu'elles sont lessivées par les précipitations ; elles ont donc une durée de vie courte.
Nous prenons bien sûr en compte l'activité du soleil et des volcans. Ceci peut jouer d'une année sur l'autre, d'une décennie sur l'autre, mais n'explique en rien la tendance au réchauffement à l'échelle de plusieurs décennies qui est observée. Le rapport détaille le rôle de l'activité volcanique, parce que c'est le principal facteur de variabilité du climat à l'échelle des derniers siècles et parce qu'il est probable qu'il y aura prochainement une éruption volcanique majeure. Nous fournissons des éléments en ce sens.
Nous prenons aussi en compte la variabilité interne du climat et les échanges entre l'océan et l'atmosphère, qui sont dominants sur les variations d'une année à l'autre. C'est pour cela que l'échelle de temps d'une analyse du climat est de l'ordre de dix ou vingt ans. La variabilité interne ne joue en rien sur le réchauffement observé à l'échelle planétaire. Par contre, il est extrêmement important de la prendre en compte pour ce qui est de l'évolution du climat à l'échelle de la prochaine décennie et à l'échelle régionale. C'est ce que nous faisons également.
La deuxième source d'information est la compréhension du bilan d'énergie de la Terre, avec des progrès considérables dans la compréhension du rôle de chaque facteur et des rétroactions qui façonnent la réponse du climat. Les huit dernières années ont connu des avancées dans toutes ces directions, en combinant des éléments de connaissance théorique, des observations, des contraintes issues des climats passés et des travaux de modélisation du climat.
Les deux approches convergent quant au rôle dominant de l'influence humaine sur le réchauffement observé. Ceci permet de montrer que le premier facteur est les émissions humaines de dioxyde de carbone, dont 80 % à 90 % sont dus à la combustion du charbon, du pétrole et du gaz, le reste étant dû à la déforestation ou la destruction de tourbières.
Les émissions et la concentration du méthane dans l'atmosphère ont fortement augmenté au cours de la dernière décennie. Le méthane est un gaz à effet de serre puissant, même avec des quantités très faibles, et sa durée de vie dans l'atmosphère est de l'ordre d'une dizaine d'années. Le méthane est le deuxième contributeur au réchauffement observé. Il a aussi une forte influence sur la chimie atmosphérique et provoque notamment une augmentation de la concentration d'ozone près de la surface. L'ozone est un composé dont l'accumulation en surface peut être néfaste pour la santé humaine, mais également pour les écosystèmes. On en entend parler lorsqu'il y a des pics de pollution liés à l'ozone.
Les émissions soufrées associées aux particules de pollution dont je parlais précédemment sont le principal facteur de refroidissement.
L'infographie présente à l'écran montre les conclusions de l'évaluation pour chaque aspect des changements observés autre que les déplacements d'espèces. Un aspect marqué d'un petit symbole rouge signale que l'influence humaine sur le climat est le facteur principal des changements observés, à plus de 50 % ou parfois pour leur intégralité. Pour chaque aspect marqué d'un petit symbole orange, l'influence humaine est un contributeur au changement. C'est par exemple le cas du verdissement des surfaces continentales que l'on détecte par satellite ; en effet, des actions de gestion des terres, de forestation, d'irrigation ont aussi contribué à ce verdissement, en particulier en Asie. Le changement observé n'est donc pas ici simplement le résultat de l'influence humaine sur le climat planétaire.
Il est incontestable que les activités humaines sont à l'origine du changement climatique, c'est maintenant un fait établi. La compréhension du rôle de l'influence humaine est une avancée majeure de nos connaissances, non seulement pour les tendances à l'échelle planétaire mais aussi pour les événements spécifiques extrêmes, notamment les vagues de chaleur, les fortes précipitations et les sécheresses qui deviennent plus fréquentes et plus sévères. Vous voyez maintenant une représentation cartographique symbolique des extrêmes chauds dans les différentes régions du monde. La France est intégrée au figuré représentant l'Europe de l'Ouest ; elle est aussi concernée par le figuré de la région méditerranéenne et par ceux des « petites îles – Caraïbes » et du Pacifique. Notre évaluation ne va pas à l'échelle des petites îles de l'Océan Indien, hors Madagascar, et le figuré « Amérique du Sud » concerne également la Guyane. Un figuré de couleur rouge symbolise une intensification des extrêmes chauds et le nombre de petits points noirs qu'il contient représente le niveau de confiance dans l'attribution à l'influence humaine sur le climat. Ce niveau de confiance est globalement très élevé en Europe comme dans la plupart des régions.
Il y a également une intensification des vagues de chaleur marines avec une conclusion similaire, donc des vagues de chaleur marines plus intenses, qui touchent des régions plus larges, qui durent plus longtemps et qui ont des effets dommageables sur les écosystèmes qui y sont sensibles. Il s'agit par exemple des récifs de coraux tropicaux marqués par les phénomènes de blanchiment ou de certains déplacements d'espèces marines qui conduisent à une baisse du potentiel de prise de pêche dans les régions tropicales.
Pour ce qui concerne les épisodes de très fortes précipitations, vous voyez beaucoup de régions montrant un figuré rayé ; c'est là où les résultats sont contrastés à l'échelle de la région. Certaines apparaissent en gris ; ce sont celles pour lesquelles les données ne sont pas suffisamment fines à l'échelle de l'heure ou de la journée, pour permettre de faire les analyses nécessaires. Les figurés verts concernent les régions pour lesquelles nous concluons qu'il y a une intensification des épisodes de précipitations extrêmes dus à l'influence humaine sur le climat. Cette conclusion est particulièrement robuste dans le nord de l'Europe, mais elle est également valable en Europe de l'Ouest. Je précise que pour la « région Méditerranée », c'est aussi le cas des épisodes cévenols, comme l'ont montré plusieurs travaux français.
Si l'on s'intéresse aux sécheresses, les régions dont le figuré est jaune sont celles où est observée une intensification des sécheresses, attribuée à l'influence humaine sur le climat. C'est particulièrement le cas dans les régions de climat méditerranéen, mais aussi en Europe centrale et sur le pourtour de la Méditerranée.
Globalement, l'influence humaine sur le climat, ce sont des tendances et des extrêmes, des événements composites comme des conditions météorologiques très chaudes, très sèches, avec des vents importants qui sont propices aux incendies. Ces événements deviennent plus fréquents, touchent des surfaces plus larges, des régions nouvelles, ou se produisent à des saisons différentes, sur une période plus large de l'année.
L'océan se réchauffe. Il accumule plus de 90 % de l'excédent de chaleur qui ne part pas vers l'espace du fait de l'influence humaine sur le climat. Il absorbe environ 23 % de nos rejets de dioxyde de carbone. Un océan qui est plus chaud est un océan dont les eaux de surface stagnent davantage et se mélangent moins bien à cause de gradients de densité qui changent. Ceci réduit le transport d'oxygène dans les premières centaines de mètres de hauteur d'eau. C'est une conséquence assez méconnue de l'influence humaine sur le climat. Tous ces facteurs affectent déjà la vie marine et les activités humaines qui en dépendent.
Comme l'a dit le président Villani en introduction, nous évaluons bien sûr l'état des connaissances vis-à-vis des futurs possibles. Nous le faisons à partir d'une large gamme de scénarios qui couvre des situations de très fortes ou fortes baisses d'émissions de gaz à effet de serre dans les années à venir, un scénario intermédiaire de stagnation au niveau actuel durant quelques décennies et des scénarios de hausse ou très forte hausse d'émissions de gaz à effet de serre.
Le travail sur les scénarios s'est développé dans la communauté scientifique mondiale, et le cycle actuel de rapports du GIEC montre un effort particulier pour utiliser des scénarios socioéconomiques qui reflètent des narratifs contrastés sur le type de développement dans le monde ainsi que leurs implications sur les émissions de gaz à effet de serre et de polluants, la pression sur les terres, l'urbanisation, etc. Ces scénarios vont permettre de développer une analyse plus cohérente de la réponse du climat ainsi que des vulnérabilités de nos sociétés, donc des impacts d'un climat qui change. C'est l'objet du rapport du groupe de travail n° 2 du GIEC.
Le groupe n° 3 traite de la maîtrise des émissions de gaz à effet de serre dans le cadre d'un développement soutenable. Son rapport évalue des centaines, voire des milliers de scénarios de trajectoire d'émissions de gaz à effet de serre. Nous n'évaluons pas nous-mêmes leur faisabilité. Nous les utilisons pour comprendre leurs implications sur la réponse du climat, sur la manière dont la température à la surface de la Terre réagit quand on perturbe le bilan d'énergie de la Terre. Nous utilisons l'ensemble des travaux de modélisation publiés dans le monde. Une avancée majeure a consisté à réduire l'incertitude sur la réponse du climat. La variable est appelée « sensibilité du climat ». C'est elle qui permet de mesurer le réchauffement sur plusieurs siècles, quand la teneur en CO2 dans l'atmosphère double.
La notion de sensibilité du climat a été introduite dans les années 1970 et la plage d'incertitude évaluée était restée quasiment inchangée depuis, malgré les progrès des connaissances. La communauté scientifique, en particulier en recherche fondamentale sur le climat, a mobilisé l'ensemble des sources d'information : les contraintes issues des climats passés – climat glaciaire, climat géologique très chaud –, les contraintes issues des observations, et la compréhension de chaque boucle de rétroaction, avec une avancée considérable sur l'effet net amplificateur des nuages, même si cela reste le facteur principal d'incertitude sur la réponse du climat. Ces informations et cette évaluation les combinant toutes sont utilisées pour contraindre le résultat des modèles de climat. On ne présente pas un résultat brut de modélisation comme cela était le cas dans le passé. On présente le résultat d'une évaluation qui combine l'ensemble des sources d'information et qui permet de réduire quasiment d'un facteur deux la plage d'incertitude de chaque scénario.
Les scénarios d'émissions très basses ou basses de gaz à effet de serre montrent qu'un réchauffement se poursuit sur quelques décennies et se stabilise dans la deuxième moitié de ce siècle. Si les émissions stagnent au niveau actuel, le réchauffement continue tout au long de ce siècle et du siècle suivant. Les scénarios où les émissions mondiales de gaz à effet de serre continuent à augmenter de manière forte ou très forte montrent une accélération du rythme du réchauffement.
Il est extrêmement important de comprendre que la réponse climatique ne montre aucune inertie en matière de réchauffement de surface. Un réchauffement supplémentaire ne viendra pas d'un effet différé des émissions passées mais uniquement des émissions à venir. L'inertie ne résulte pas du fonctionnement du climat mais des infrastructures humaines : la durée de vie d'une voiture est 15 à 20 ans, la durée de vie d'un chauffage est 30 ans, la durée de vie d'une centrale thermique est plusieurs décennies. Même dans les scénarios d'action rapide, immédiate et forte, les émissions dues aux activités humaines ne peuvent diminuer que graduellement et tant que ces émissions, en particulier de CO2, ne sont pas nulles, le climat continue à dériver. À court terme, pour la période 2020-2040, on estime que l'on va dans tous les cas atteindre un niveau de réchauffement de 1,5 degré en moyenne par rapport au climat préindustriel ; autrement dit, l'écart de température serait supérieur à 1,5 degré une année sur deux. Dans les scénarios d'émissions très basses, on pourrait dépasser temporairement, de manière faible, ce niveau puis y revenir. Dans un scénario d'émissions basses, on le dépasserait, mais on resterait sous 2 degrés de réchauffement. Ces deux seuils correspondent à l'objectif de l'accord de Paris sur le climat.
Regardons maintenant un scénario où les émissions mondiales stagnent au niveau actuel. Je précise que c'est ce qu'impliquaient entre 2020 et 2030 les promesses faites en 2015 dans le cadre de l'accord de Paris sur le climat. Au titre de la convention-cadre des Nations Unies pour le climat, on dispose depuis la semaine dernière d'une évaluation des promesses faites en 2021, où il manque celles d'un ensemble de grands pays émergents. Pour autant, les engagements révisés conduiraient d'ici à 2030, si tout est mis en place, à des émissions un peu plus basses que prévu précédemment, mais à cet horizon, les émissions mondiales de gaz à effet de serre seraient toujours stagnantes. Si une telle situation persiste pendant quelques décennies, le réchauffement dépasserait 2 degrés autour de 2050 et à la fin du XXIe siècle, la plage de réchauffement serait de l'ordre de 2,1 à 3,5 degrés avec un intervalle de confiance de 90 % et une meilleure estimation autour de 2,7 degrés ; ce serait plus de 3°C au début du siècle suivant.
À quoi ressemblent ces trajectoires ? Ici, je mets l'accent sur les émissions de dioxyde de carbone, mais dans le résumé à l'intention des décideurs et le rapport, vous trouverez une description des cinq scénarios sous l'angle des autres gaz à effet de serre et sous l'angle des émissions de soufre en lien avec les particules de pollution.
Je précise également que les scénarios d'émissions très élevées sont maintenant moins plausibles du fait des politiques climatiques, du fait des ruptures technologiques qui permettent de produire de l'électricité autrement qu'avec du charbon ou qui permettent de se déplacer autrement qu'avec du pétrole. Le scénario qui permet de contenir le réchauffement largement au-dessous de 2°C est celui des « très basses » émissions. Il repose sur une baisse de l'ordre de 2% à 4 % chaque année des émissions de dioxyde de carbone et, pour l'effet net des activités humaines, le fait d'aller à des émissions nulles autour de 2050. C'est le scénario qui permet de rester largement en dessous de 2°C, de rester très proche d'1,5°C, en y revenant vers 2070, avec deux chances sur trois d'y parvenir.
Notre rapport fournit un ensemble d'informations qui peuvent être pertinentes par rapport aux volontés politiques de limiter l'ampleur du réchauffement climatique. Mais il fournit aussi des informations pertinentes pour comprendre quelle est la réponse du climat à différents niveaux de réchauffement climatique, qui seront atteints à différents horizons temporels, à court ou moyen terme, ou peut-être jamais atteints ou peut-être atteints si la réponse du climat sort de notre plage estimée la plus probable ou si les émissions mondiales de gaz à effet de serre continuent à fortement augmenter.
Plus le réchauffement est élevé en moyenne au niveau planétaire (les graphiques montrent les estimations faites pour 1,5° C, 2° C ou 4° C), plus il est élevé dans chaque région. Je souligne que le réchauffement est toujours plus prononcé au-dessus des continents que la moyenne planétaire ; nous sommes d'ailleurs déjà à plus de 1,5° C en France. Il est particulièrement fort dans les régions arctiques à cause de phénomènes locaux amplificateurs.
En ce qui concerne la répartition des pluies, un climat qui se réchauffe provoque une intensification des précipitations dans les régions froides et une diminution dans les régions de climat méditerranéen du fait de modifications dans la circulation atmosphérique de grande échelle. Vous pouvez noter que dans certaines régions aujourd'hui désertiques, comme le Sahara, la variation en pourcentage donne l'impression de changements importants, mais en valeur absolue, l'accroissement des précipitations y sera très limité. Il faut faire attention à ne pas se laisser abuser.
En ce qui concerne l'humidité moyenne des sols, une diminution résulte, dans certaines régions, de la baisse des précipitations et dans d'autres régions, notamment tempérées, d'une évaporation et d'une transpiration des sols plus importantes du fait du réchauffement de l'air. C'est pourquoi les zones concernées par une baisse graduelle de l'humidité des sols sont plus étendues que les zones où l'on attend une baisse moyenne de la quantité de précipitations. Cela concerne en premier lieu le pourtour de la Méditerranée, avec un mécanisme d'aridification, de perte graduelle d'humidité des sols qui s'intensifie pour chaque fraction de réchauffement supplémentaire. C'est aussi le cas dans certaines régions d'Amérique du Sud.
Le degré de confiance associé à ces résultats est systématiquement plus important pour tout ce qui touche à la température et plus limité, en particulier sur des mailles fines, régionales, pour tout ce qui touche aux précipitations. La hausse du réchauffement intensifie le cycle global de l'eau, pas uniquement l'intensité des précipitations moyennes mais aussi la variabilité des précipitations, avec notamment un renforcement des saisons et des événements très humides ou très secs. Le rapport y consacre un chapitre entier.
Ce type d'information est extrêmement important, en particulier pour anticiper sur la gestion de l'eau, mais aussi sur des enjeux croisés qui touchent par exemple aux contraintes liées à l'eau en rapport avec les pratiques agricoles. Le message important est qu'un certain nombre de changements régionaux ou globaux s'amplifient en relation directe avec le niveau de réchauffement planétaire. C'est le cas de la fréquence et de l'intensité des extrêmes chauds, des extrêmes de précipitation, des sécheresses liées à l'humidité des sols dans certaines régions, de la proportion des cyclones tropicaux les plus intenses. On ne s'attend pas à une augmentation de la fréquence des cyclones tropicaux, mais plutôt à une diminution ; en revanche, on verrait une proportion plus élevée des cyclones les plus intenses en termes de vitesse de vent ou de quantité de pluie, et un déplacement de leurs rails affectant davantage de nouvelles régions, ainsi que des mécanismes d'intensification rapide qui peuvent être importants à anticiper pour les systèmes d'alerte précoce. On s'attend également à voir s'amplifier l'occurrence d'événements qui sont aujourd'hui extrêmement rares, avec des conditions propices aux incendies de forêt très sévères et des effets composites, par exemple en matière de submersion côtière. L'effet de la montée du niveau des mers augmente les records de hauts niveaux marins lorsqu'une tempête et une marée haute se conjuguent à des records de précipitation sur le continent voisin ; ceci peut donner lieu à des inondations duales, à la fois par submersion marine et par ruissellement fluvial.
Pour donner un exemple, les vagues de chaleur qui se produisaient sur les continents une fois en 50 ans entre 1850 et 1900, sont aujourd'hui cinq fois plus fréquentes et celles qui se produisent aujourd'hui tous les 50 ans sont plus intenses. Cela passe à 9 fois en 50 ans pour un monde plus chaud de 1,5 degré et 14 fois en 50 ans pour un monde plus chaud de 2 degrés. Quand on parle de changement climatique, la réponse du climat est quelque chose de graduel, mais quand on la perçoit là où l'on vit, il s'agit en fait des événements de ce type-là, soit totalement inédits par leur amplitude, soit de plus en plus fréquents.
D'autres facteurs réagissent aussi directement au réchauffement : le recul de la banquise dans l'Arctique, le manteau neigeux en moyenne montagne et le dégel des sols gelés en montagne et en Arctique. Du côté de l'Arctique, les sols gelés en surface sur trois mètres de profondeur perdront environ un quart de leur superficie par degré de réchauffement. C'est l'estimation que nous sommes capables de fournir et nous prenons en compte l'état des connaissances sur le dégel, vis-à-vis des flux de gaz à effet de serre, dans l'analyse des budgets carbone résiduels.
Le changement climatique affecte toutes les régions de la Terre de multiples façons. Ces changements s'accentuent avec la poursuite du réchauffement. Dans le rapport, nous avons cartographié les caractéristiques du climat, dont on sait qu'elles sont facteurs d'impact quand elles croisent une exposition, des vulnérabilités, des limites de tolérance ou d'adaptation. Ce sont des tendances, des extrêmes, des indices associés à des seuils de tolérance. Par exemple, il existe des seuils de tolérance par rapport à des extrêmes chauds et humides pour le travail physique en extérieur ou une activité physique intense en extérieur. En Europe, ce type d'extrême, qui dépasserait des seuils de tolérance pour certaines activités agricoles, pour les rendements et aussi pour le travail physique en extérieur, serait fréquemment atteint dans un monde qui se réchauffe d'environ 2 degrés. C'est déjà le cas dans certaines régions tropicales. Vous trouverez dans le rapport, pour chaque région, pour chaque sous-région, une analyse de ces facteurs climatiques générateurs d'impact, en fonction du niveau de réchauffement planétaire. Plus le curseur sera élevé au niveau planétaire, plus il y aura de multiples changements simultanés dans chaque région et ces changements seront plus généralisés ou plus prononcés avec des niveaux de réchauffement plus élevés.
Les spécialistes de biodiversité regardent non seulement l'ampleur des changements mais aussi leur vitesse, parce que la réponse des écosystèmes fait intervenir des questions de vitesse de déplacement. Cela fait partie des aspects que l'on a partiellement évalués dans notre rapport et qui seront couverts de manière beaucoup plus approfondie dans le rapport du groupe n° 2, sous les aspects croisés climat et biodiversité.
Le rapport fonde ses analyses sur un découpage du globe terrestre en grandes régions. Le GIEC a rendu public un atlas interactif qui permet de visualiser les données de ces facteurs d'impact, pour les caractéristiques climatiques dans chaque région, pour différentes saisons, etc. On peut visualiser ce que l'on souhaite en fonction de l'horizon temporel, du niveau de réchauffement ou du scénario. On peut aussi récupérer les données sur son ordinateur personnel. Nous pensons qu'il est extrêmement important de mettre à disposition les données qui sont évaluées dans notre rapport. Environ un tiers du rapport est consacré aux informations régionales parce que ce niveau est particulièrement critique pour l'analyse de risques et parce qu'elles peuvent être combinées à d'autres sources de données, d'informations et de réflexions pour la construction de stratégies d'adaptation.
Les spécialistes de l'analyse de risques nous ont demandé de ne pas regarder seulement les moyennes, mais aussi les queues de distribution, c'est-à-dire les événements à faible probabilité d'occurrence, mais potentiellement à très fort impact. C'était une attente très claire de leur part.
Certains phénomènes réagissent directement au niveau de réchauffement, mais d'autres montrent une irréversibilité très prononcée. Par exemple, les glaciers d'aujourd'hui ne sont pas ajustés au climat d'aujourd'hui. Ils vont donc continuer à reculer jusqu'à s'ajuster si la température ne change plus. Cela peut prendre plusieurs décennies. Pour l'océan profond, pour les calottes de glace, le Groenland et l'Antarctique, le temps d'ajustement est de l'ordre de plusieurs siècles à plusieurs milliers d'années. On s'attend à ce que la température dans les profondeurs de l'océan augmente d'un facteur 2 à 8. De plus, au cours de ce siècle, on s'attend à la poursuite de la fonte du Groenland, à la poursuite d'un écoulement plus rapide de certains secteurs de l'Antarctique, parce que l'océan plus chaud en dessous amincit les parties flottantes et facilite l'écoulement. Mais nous avons des incertitudes très grandes sur l'identification de seuils pouvant conduire à des accélérations et des changements irréversibles à l'échelle de plusieurs siècles et plusieurs millénaires.
Nous comprenons que ces seuils peuvent exister, mais il est très difficile de les identifier précisément. Nous analysons ce à quoi ces mécanismes, s'ils se déclenchaient, pourraient conduire en termes de rythme d'élévation du niveau des mers à l'échelle du prochain siècle. Il est certain que la montée du niveau des mers va se poursuivre à des échelles de temps de l'ordre du siècle et du millénaire. Par contre, le rythme et l'ampleur vont dépendre des émissions de gaz à effet de serre. Cette conclusion est une avancée majeure, cohérente avec notre estimation de la réponse du climat et en lien avec une bien meilleure compréhension des effets croisés entre le bilan d'énergie de la Terre et le bilan du niveau des mers.
Dans les scénarios d'émissions les plus bas, le niveau des mers en 2100 monte de 50 centimètres par rapport à 1900, avec une accélération ; dans la plage probable la plus haute du scénario le plus haut, on arrive à un mètre de hausse du niveau des mers à la fin de ce siècle. Et si des processus d'instabilité de calotte se déclenchent, nous évaluons l'ordre de grandeur de la contribution qui est physiquement plausible à l'échelle d'un siècle.
La plupart des régions du monde, en particulier en Europe, sauf la mer Baltique, verront une montée du niveau des mers dont le rythme sera à plus ou moins 20 % près celui de la montée au niveau planétaire. La NASA a croisé notre évaluation avec la base de données des stations de mesure du niveau marin, qu'on appelle des marégraphes, afin de projeter la hausse locale pour ces marégraphes. Celle-ci est cohérente avec l'évaluation de notre rapport. Là aussi, il s'agit d'un outil interactif qui s'appuie sur les jeux de données de ce rapport.
Si l'on regarde à l'horizon 2300, dans le scénario compatible avec une stabilisation du réchauffement au-dessous de 2 degrés, la plage d'incertitude s'étend jusqu'à une élévation de trois mètres ; dans le scénario de très fortes émissions de gaz à effet de serre, la plage d'incertitude s'étend de deux mètres à sept mètres et l'on ne peut pas exclure que la valeur maximale soit double.
Il est important de comprendre que, même s'il y a un effet irréversible du fait du temps de mélange de l'océan profond, des temps d'ajustement, de recul des glaciers et des calottes polaires, ces changements peuvent être ralentis et ceux qui sont directement liés au niveau de réchauffement peuvent être arrêtés si on limite le réchauffement à la surface de la Terre. Plus on tarde à le faire, plus on va devoir vivre avec des changements croisés et croissants.
Le rapport confirme qu'il y a une relation linéaire étroite entre le cumul des émissions mondiales humaines de CO2 – les émissions historiques et futures – et la hausse de la température. Cette relation quasi linéaire est le résultat de processus complexes mettant en jeu des mécanismes de compensation. Ceci établit un lien entre un niveau de réchauffement, assorti de la probabilité de contenir le réchauffement à ce niveau-là, et une plage de budget carbone résiduel. Une figure présentée dans nos « questions fréquentes » met en regard la quantité cumulée de CO2 émise du fait des activités humaines entre 1750 et 2019, la plage d'incertitude sur les facteurs hors CO2 et les budgets carbone résiduels qui permettraient de contenir le réchauffement à un niveau très proche de 1,5 degré ou de 2 degrés, avec respectivement une chance sur deux ou deux chances sur trois d'y parvenir. Je rappelle que les émissions annuelles de CO2 sont de l'ordre de quarante milliards de tonnes en moyenne ces dernières années.
Pour limiter le réchauffement de la planète d'un point de vue de la physique du climat, la première condition consiste à stabiliser la quantité cumulée du CO2 émis. C'est bien sûr viser le « net zéro CO2 » en 2050, mais pas seulement : c'est aussi réduire dès maintenant, année après année, les émissions de CO2, et pas simplement formuler de vagues promesses. La deuxième condition est de réduire fortement les émissions des autres gaz à effet de serre qui ont des caractéristiques différentes. Nous soulignons le rôle tout particulier du méthane, parce que les actions visant à réduire la pollution atmosphérique, qui est toxique pour la santé humaine, en réduisant les rejets de particules de pollution font que l'on perd leur effet d'écran, leur effet refroidissant. Comme le méthane a une durée de vie courte dans l'atmosphère, de l'ordre de dix ans, et qu'il contribue fortement au réchauffement, réduire maintenant, rapidement et de manière ambitieuse, les émissions de méthane permet de gagner sur les deux tableaux, sur la partie réchauffement et également sur la partie qualité de l'air. En effet, le méthane a un rôle important pour réduire la quantité d'ozone à la surface du sol, et donc limiter l'occurrence de pics d'ozone.
Dernière chose : à quelle vitesse discernera-t-on les bénéfices comparés des scénarios de forte baisse et des scénarios de forte hausse des émissions de GES ?
Vous le savez, les confinements, du fait de la pandémie, ont conduit à des baisses temporaires des rejets polluants, avec des effets immédiats sur la qualité de l'air, et des émissions de CO2. On est ensuite revenu à la situation antérieure, parfois même avec des effets rebonds, parce qu'il n'y a pas eu de changements structurels sur les infrastructures émettrices. Ce dont parle le rapport, ce n'est pas ça. Ce sont des baisses structurelles, plusieurs années de suite. On en verrait les bénéfices en quelques années, tant sur la concentration de gaz à effet de serre dans l'atmosphère que sur la qualité de l'air, du côté des aérosols et du méthane. En ce qui concerne la tendance au réchauffement global, on ne discernerait l'effet sur le climat qu'à l'échelle d'une vingtaine d'années, du fait de la variabilité annuelle de la température à la surface de la Terre.
Le rapport souligne à quel point le climat que nous allons connaître à l'avenir, à court, moyen et long terme, dépend des décisions que nous prenons tous maintenant. Il met à disposition le résultat de cette évaluation scientifique, avec un résumé à l'intention des décideurs qui a été approuvé par les représentants de l'ensemble des pays du monde et qui constitue un socle commun. Il propose un résumé technique, souvent très utilisé par les conseillers techniques, les ingénieurs dans différents secteurs d'activité et qui permet, en une centaine de pages, d'avoir un point sur le climat global, les processus et l'évolution du climat à l'échelle régionale. Le rapport inclut des chapitres détaillés. Pour l'instant, ce sont des brouillons qui ne sont pas mis en forme, mais qui sont accessibles en anglais dans leur version scientifique définitive. Il a été créé une classe interactive, des « questions fréquentes » avec des réponses pédagogiques et des fiches régionales sur lesquelles je veux mettre l'accent. Celles-ci permettent, soit par grande zone géographique, soit par zone thématique (montagnes, océan, régions polaires, zones urbaines, etc.) d'avoir en deux pages un point pertinent sur l'état des connaissances relatif à ces différentes zones. Nous sommes également en train de préparer des fiches de synthèse par secteur d'activité, parce que l'on nous a indiqué que ce serait extrêmement utile d'aider les acteurs et les décideurs intéressés à trouver très vite l'information pertinente pour eux.
Je souhaite enfin mentionner l'appui constant que m'a apporté le gouvernement français pour la préparation de ce rapport, pour mon équipe, hébergée à Paris-Saclay, qui m'a aidée dans toutes les étapes et pour le travail colossal des auteurs et des relecteurs du rapport, dans un contexte de pandémie. Pour vous en donner une idée, l'approbation du rapport s'est faite pour la première fois par visioconférence avec les représentants de tous les pays, donc des centaines de délégués nationaux d'un côté, et de l'autre des représentants des rédacteurs du rapport, des auteurs, plusieurs dizaines de personnes. Il a fallu 186 heures de visioconférence sur deux semaines pour parvenir à ce résumé pour les décideurs qui est très clair et fidèle en toute part à ce que les auteurs de ce rapport voulaient communiquer largement.