Intervention de Jean-Luc Fugit

Réunion du jeudi 23 septembre 2021 à 9h30
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Fugit, député, vice-président de l'Office :

‑ Merci madame Masson-Delmotte pour votre présentation, que je qualifierai de riche, de complète, d'utile, je dirais même de stimulante et nécessaire. J'ai deux remarques et deux questions.

Je suis ravi que l'on puisse rappeler les enjeux croisés entre climat et pollution de l'air, comme vous l'avez fait, en voyant les éventuels effets antagonistes, puisque tout n'est pas linéaire, loin s'en faut, dans la chimie de l'atmosphère. C'est aussi en tant que chimiste et président du Conseil national de l'air que je m'exprime. Ces enjeux croisés apparaissent particulièrement complexes, comme j'avais pu l'étudier il y a plus d'une vingtaine d'années, pendant mon doctorat.

Je suis satisfait de voir que vous mettez en avant l'appui constant du gouvernement à vos travaux. C'est bien de le savoir, c'est bien aussi de le dire dans un monde où la critique est toujours facile.

Tout ce que vous avez expliqué est remarquable et très intéressant. Je voudrais cependant revenir sur le volet agricole. Comme d'autres domaines, l'agriculture est à la fois responsable et victime des phénomènes de pollution de l'air ou d'évolution climatique. On a parfois tendance, je le vois notamment pour la pollution de l'air, à dire que l'agriculture pollue, que l'ammoniac participe à la formation des particules fines, etc. C'est vrai, mais l'agriculture peut aussi voir les rendements agricoles chuter de 20 à 30 % du fait de pics réguliers de pollution à l'ozone. Donc on est toujours dans la dualité responsable et victime, comme chacune et chacun d'entre nous, en fait.

Sur ce volet agricole y a-t-il des études ou des scénarios prospectifs assez précis pour éclairer ce qui pourra se passer dans les années qui viennent, en lien avec l'évolution de la population mondiale et la nécessité de nourrir correctement toute l'humanité ? On voit ici les questions sous-jacentes de la place de la viande et de la place de l'élevage, et donc le lien immédiat avec l'impact environnemental de l'agriculture.

Votre rapport me faisait penser à un petit échange que j'ai eu ce dimanche dans une commune de ma circonscription avec des acteurs impliqués sur les mobilités plus propres. Il y avait un stand de la Fresque du climat, que tout le monde connaît bien ici. Je me pose toujours la même question : comment fait-on pour mettre la science au-dessus des croyances ? Ce n'est pas que pour les vaccins que je dis cela. Je voudrais connaître votre vision de grande scientifique, qui pourrait nous donner des pistes. Comment fait-on pour embarquer les citoyens dans l'action, à partir d'une connaissance et non à partir de simples croyances ?

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