Intervention de Gérard Longuet

Réunion du jeudi 23 septembre 2021 à 9h30
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Gérard Longuet, sénateur, premier vice-président de l'Office :

‑ Je vous ai écoutée avec un intérêt considérable parce que pour la première fois, le GIEC est pour moi incarné dans une personne physique engagée dans une réflexion, dans une carrière universitaire, dans un débat. Et cette humanisation du GIEC renforce sa crédibilité politique. Si je réagis en tant qu'homme politique, je trouve que votre chemin est extraordinairement étroit dans la communication. Pourquoi ? Parce que si vous n'alertez pas, il y aura un désintérêt pour le sujet, et si vous découragez, il y aura aussi un désintérêt. Les instances internationales doivent avoir l'habileté de montrer que tout ce dont vous avez parlé est réellement grave et qu'une issue est cependant possible.

Nous, hommes politiques, quelles que soient nos convictions, nous devons demander à notre « marché », c'est-à-dire à nos compatriotes électeurs, un certain nombre d'efforts si nous voulons faire changer les choses. Il y a deux obstacles à ces efforts. Le premier est le fatalisme, qui serait évidemment tragique. Le second est le renoncement, dire que de toute façon, ce n'est simplement pas possible. Cela renforce évidemment le fatalisme.

Bruno Sido a évoqué l'un des aspects politiques de la question. Je voudrais vous faire partager une observation. La France émet chaque année 400 millions de tonnes de CO2 anthropique, soit 1 % de la production mondiale. Nous sommes très désireux de faire notre part du chemin vers un avenir décarboné et un peu découragés à l'idée que nous ne faisons qu'1 % de la production mondiale.

Ce que je retiens de votre intervention, le plus positif, qui me permettra de susciter autour de moi l'adhésion à une action plus énergique, est qu'il n'y a pas d'inertie en matière de climat. Il y a des secteurs où le retour à une harmonie préexistante est plus long. Mais en vous écoutant, on sent bien que si l'on parvient à limiter significativement ou annuler les émissions de CO2 anthropique, il n'y a pas d'inertie climatique et nous pouvons espérer casser un mouvement à des échéances qui restent inscrites dans des temps politiques. Je veux dire par là que nous ne le ferons peut-être pas pour nous-mêmes, mais pour nos enfants et nos petits-enfants. C'est mobilisateur.

J'attire votre attention sur le fait que vous devez avoir un discours qui en même temps alerte et mobilise, et non un discours qui décourage. J'ai vraiment le sentiment que vous aviez à cet instant un discours mobilisateur parce que l'idée que les efforts à consentir puissent être utiles apparaît très nettement.

Ma question prolonge celle de Bruno Sido. La photosynthèse, qui en quelque sorte nourrit l'agriculture, peut-elle constituer un puits de carbone significatif, sachant que ce n'est pas une façon de faire disparaître le carbone, mais bien de le stocker ? De ce point de vue, j'ai d'ailleurs un vrai problème avec les pays du Tiers-Monde : ils ont envie, comme nous l'avons fait au Moyen-Âge, de défricher et de remplacer des arbres qui stockent le carbone par des plantations qui nourrissent et qui accessoirement, enrichissent. Je voudrais savoir quelle est votre vision de l'agriculture comme puits de carbone.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.