Je tiens avant tout à adresser un message de soutien à tous nos compatriotes ultramarins, qui vivent actuellement des drames personnels et familiaux. J'ai également une pensée pour l'ensemble des personnels – volontaires, soignants… – qui affrontent la crise sanitaire au quotidien, et bien évidemment pour nos élus locaux, plus que jamais mobilisés pour faire face à une vague épidémique sans précédent. Je n'oublie pas les renforts que nous avons reçus de l'État, avec tous les volontaires issus notamment de la réserve sanitaire.
Comme l'ont souligné les précédents orateurs, le variant delta a provoqué une explosion des contaminations dans nos territoires : nous atteignons des taux d'incidence records, avoisinant ainsi, en Polynésie française, près de 3 000 cas actifs pour 100 000 habitants. Certains territoires souffrent, de surcroît, d'un éclatement géographique – c'est le cas de la Polynésie française avec ses 118 îles, dont 76 sont habitées. Je l'ai déjà affirmé ici : il est plus compliqué de gérer une telle crise dans un territoire très éloigné de l'Hexagone et aussi vaste que l'Europe ; cela demande des moyens supplémentaires.
Je tiens à saluer le partenariat très fort que nous avons noué avec l'État, avec le haut-commissariat de la République en Polynésie française et avec toutes les forces militaires et civiles, les communes ou encore les pompiers. Disons-le : nous sommes en état de guerre ; nous traversons une crise majeure, inédite – jamais je n'ai vu mon territoire dans une telle situation. Ainsi que le remarquait Justine Benin, la situation est d'autant plus difficile que, dans nos petits territoires, tout le monde se connaît : pas un jour ne se passe sans qu'un de nos proches soit touché par le virus. Je pense enfin, bien sûr, à tous nos compatriotes, où qu'ils soient, qui vivent de telles tragédies.
Nos hôpitaux ont des besoins considérables, et ils arrivent quasiment à saturation en de nombreux endroits. La crise révèle des déficits structurels – les intervenants précédents l'ont souligné. Bien que ce ne soit pas l'objet du présent texte, monsieur le ministre, il nous faut appréhender ces déficits et envisager un plan d'investissement particulier dans la perspective des futurs projets de loi de finances et projet de loi de financement de la sécurité sociale.
Sur le plan sanitaire, nous avons besoin d'une réponse proportionnée ; elle variera selon les territoires et dans le temps. Le présent projet de loi est absolument nécessaire. Je rappelle à nos collègues qui ont voulu le remettre en question : il constitue une mesure d'urgence qui s'inscrit dans un cadre exceptionnel, et qui permettra de soutenir nos territoires à la fois sur les plans sanitaire et économique, le second étant tout aussi essentiel que le premier. La crise sanitaire provoque en effet des dégâts économiques majeurs, qui engendrent eux-mêmes des dégâts sociaux et sociétaux non moins importants.
Je dirai un mot de l'accompagnement psychologique qui doit se déployer dans nos territoires. Vous l'avez souligné, monsieur le ministre : pour le moment, la réponse consiste à se faire vacciner. Nous en voyons les résultats, et les faits sont là – il faut le dire. Les personnes les plus à risques sont celles qui n'ont pas encore franchi ce pas. Nous devons leur adresser un message bienveillant d'encouragement, pour leur rappeler que cette solution existe et qu'il faut s'en saisir. C'est un fait : on risque moins d'entrer en réanimation quand on est vacciné que quand on ne l'est pas. Peut-être aurons-nous d'autres solutions à l'avenir mais, pour le moment, ce n'est pas le cas.
L'état d'urgence nécessite un cadre économique particulier. En la matière, nous attendons beaucoup. Les professionnels sont très inquiets, surtout ceux qui dépendent d'activités touristiques, notamment en Polynésie française – sachant que le secteur aérien a déjà beaucoup souffert l'an dernier. Pourriez-vous nous rassurer, monsieur le ministre, quant à la capacité de soutenir exceptionnellement nos compagnies aériennes, qui – je l'ai déjà souligné ici même – sont des opérateurs d'intérêt stratégique ?
Enfin, j'ai déposé un amendement d'appel visant à instaurer un comité de suivi des moyens déployés par l'État dans les territoires d'outre-mer en matière de lutte contre la crise sanitaire. En revanche, mon amendement visant à sécuriser les dispositifs de contrôle aux frontières a été jugé irrecevable. Nous espérons que l'État apportera une réponse législative en ce sens.