Intervention de Martine Wonner

Séance en hémicycle du mardi 7 septembre 2021 à 15h00
Prorogation de l'état d'urgence sanitaire dans les outre-mer — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMartine Wonner :

Dans ces territoires, la pénurie de matériels et la carence en lits conduisent à des situations que nous ne pensions plus jamais connaître : le tri des patients. Je donnerai un exemple, celui de La Réunion : si la régulation des appels passés au 15 était plus performante, s'il n'y avait pas trente minutes d'attente, s'il y avait encore deux SMUR – service mobile d'urgence et de réanimation – à Saint-Denis et au moins un à Saint-Joseph, il y aurait moins de tri à faire.

Autre exemple : pourquoi avez-vous attendu la saturation des hôpitaux pour entendre enfin l'appel des pompiers guadeloupéens sur le manque d'équipements ? Arguant l'urgence, arguant le caractère vital de la question, vous revenez une fois de trop pour imposer un régime d'exception.

Je relaie ici une série de questions que se posent nos concitoyens sur les territoires ultramarins. Pourquoi le Gouvernement n'a-t-il pas été capable d'anticiper une fois de plus ce qui ne pouvait manquer d'arriver ? Alors qu'il y avait zéro cas de covid aux Antilles jusqu'en juin, la mauvaise protection des vaccins a été illustrée par l'afflux de touristes prétendument immunisés, mais de fait contaminateurs. Pourquoi l'ivermectine n'est-elle pas accessible ? Depuis quand un conseil de défense a-t-il les compétences pour gérer une épidémie ? Neuf fois depuis le début de cette crise, le Gouvernement a présenté ce régime d'exception, soit pour l'instaurer, soit pour le proroger. Neuf fois ! Neuf fois, le Gouvernement a montré son incapacité à imaginer une réponse sanitaire et démocratique adaptée à cette pandémie. Comment en est-on arrivé là ? Comment en est-on toujours à ce stade d'urgence, de précipitation, d'incompétence, avec autant de mépris de notre État de droit ?

Ici même, il y a trois mois, le Gouvernement, soutenu aveuglément par la majorité, venait nous présenter un plan de sortie de l'état d'urgence sanitaire. Il revient aujourd'hui en présenter un nouveau, cette fois pour l'outre-mer. On aurait pu espérer que le Gouvernement augmente les moyens des hôpitaux. Il les a diminués. On aurait pu espérer que le Gouvernement améliore l'accès aux soins. Il l'a anéanti. On aurait pu espérer que le Gouvernement améliore les conditions de travail des soignants. Il les a contraints, stigmatisés et à partir du 15 septembre certains deviendront des parias.

Que nous proposez-vous depuis dix-huit mois pour sortir de la crise sanitaire ? Toujours les mêmes recettes liberticides : interdiction de déplacements, couvre-feu, fermetures de lieux publics ou privés, sans suivre aucune logique sanitaire ni aucune logique économique mais seulement une logique politique. Voilà la réalité. Oui, j'entends bien les maîtres-mots de l'urgence et de l'efficacité, qui sont ceux du Gouvernement pour éteindre la crise sanitaire. Mais n'est-ce pas cette gouvernance centralisée et inadaptée aux territoires qui explique notre présence pour la neuvième fois ?

Mes chers collègues, quelle est notre part de responsabilité, à nous parlementaires, dans cette situation ? Nous sommes la représentation nationale et nous avons le devoir de représenter et de protéger le peuple. Il serait temps d'écouter ce peuple qui se lève toujours plus nombreux, tous les samedis, pour défendre les libertés fondamentales. Les mesures d'état d'urgence sanitaire limitent considérablement nos droits fondamentaux, particulièrement pour les plus fragiles, nous disent les défenseurs des droits. Ne serait-il pas temps de changer de paradigme ? Quand allez-vous enfin mettre un terme à votre gouvernance inefficace, délétère et liberticide ? La liberté a toujours su guider le peuple français. Vous détruisez tous les jours un peu plus la démocratie ; l'histoire s'en souviendra.

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