Ce projet de loi comporte un article unique qui permet aux préfets d'adapter des décisions localement, en fonction de la situation sanitaire. Si nous approuvons ce principe, qui pourrait d'ailleurs être décliné plus souvent, nous regrettons beaucoup qu'il soit sollicité dans un texte sans contenu.
Pour l'heure, La Réunion semble avoir écarté le risque de flambée épidémique, même si la situation demeure fragile. Ce n'est pas le cas de la Martinique, de la Guadeloupe ou encore de la Polynésie. Notre taux d'incidence est en effet de 152,9 quand il est en Martinique de 438,47, en Guadeloupe de 580,82 et en Polynésie de près de 3 000. Or le texte ne prévoit pas de différencier ces situations ; tous les territoires sont censés subir le même traitement. Aussi, si, par solidarité et esprit de responsabilité, je voterai le projet de loi, je tâcherai, par voie d'amendement, d'en exclure le territoire de La Réunion.
Il est tout à fait regrettable qu'il ne s'agisse que d'un texte de cadrage, dans lequel ne sont pas traités les vrais problèmes que la crise sanitaire aggrave en même temps qu'elle les révèle, cette fois de manière dramatique : le manque de lits dans les hôpitaux, le manque de moyens alloués à la santé des Réunionnais, le mal-logement qui favorise les contaminations, les inquiétantes comorbidités, plus importantes que dans l'Hexagone. La Réunion détient le triste record mondial de diabétiques et la non-application de la loi relative à la régulation économique outre-mer, dite loi Lurel, n'aide pas.
Tout cela appelle des réponses de la part de la puissance publique. La santé est une compétence nationale et il est urgent que le Gouvernement décide de déployer les moyens nécessaires et les mesures qui s'imposent pour que nos territoires n'aient plus à connaître de telles situations de pression et de tension hospitalières. Les diagnostics sont connus depuis longtemps. Il existe à ce sujet de nombreux rapports ; des amendements ont été votés, des engagements ont été pris ; mais le financement des hôpitaux n'a pas bougé et le coefficient géographique n'a toujours pas été modifié.
Le Ségur de la santé n'a rien changé pour nos établissements, pour la simple raison que l'outre-mer fait partie des sujets non traités.