Intervention de Sébastien Lecornu

Séance en hémicycle du mardi 7 septembre 2021 à 15h00
Prorogation de l'état d'urgence sanitaire dans les outre-mer — Après l'article unique

Sébastien Lecornu, ministre des outre-mer :

Sur cette grave question de l'eau dans les outre-mer, il faut distinguer deux situations : celle de Mayotte, qui connaît une crise de distribution mais également de production, du fait de l'existence d'une saison sèche et de l'augmentation de la population ; celle de la Guadeloupe, qui affronte une crise non de production mais de distribution, crise qui se double d'une catastrophe écologique, puisque le nombre de fuites, pour le dire clairement, est extrêmement préoccupant.

Ayant eu à connaître de ce dossier sous ce quinquennat, d'abord comme secrétaire d'État à l'écologie, puis en tant que ministre délégué chargé des collectivités locales, je puis affirmer que l'enjeu, pour la République et pour l'État, est d'accompagner les collectivités, qui sont compétentes en la matière.

Ce qui m'a toujours dérangé dans les interventions de votre groupe politique, c'est que, pour des raisons qui vous concernent, vous mettez dans le même panier les multinationales, les pouvoirs publics locaux et l'État. Or l'eau a toujours été une compétence décentralisée, relevant historiquement du bloc communal. On ne peut, d'un côté, louer la décentralisation et la mépriser quand ça nous arrange.

Le véritable enjeu est d'accompagner les élus du bloc communal guadeloupéen – pour reprendre le cas le plus critique – pour qu'ils investissent massivement dans les réseaux d'eau et résorbent l'ensemble des fuites d'eau. C'est tout le défi que nous avons relevé depuis le début du quinquennat, d'abord en y consacrant des sommes importantes – on peut toujours balayer ça d'un revers de main, mais on ne peut pas aller plus vite que la musique, en particulier parce que cet argent, on a dû mal à le consommer, du fait de la longueur des travaux et des problèmes d'ingénierie, qui nécessitent parfois de faire appel à des renforts extérieurs. Enfin, tous ceux qui ont été maires ou présidents d'intercommunalité le savent : la gouvernance de l'eau est redoutablement complexe, surtout dans une île ou dans un archipel. C'était tout le sens de la proposition de loi de Justine Benin, députée de Guadeloupe, comme d'ailleurs de celle de son collègue, le sénateur Théophile, visant à créer pour la première fois un outil commun permettant de développer les investissements.

Je vais m'efforcer de ne pas reprendre le chemin de la colère qui m'a saisi à propos de la Nouvelle-Calédonie, mais permettez-moi de vous dire, de la manière la plus calme qui soit, que, quand vous avez décidé de vous abstenir sur cette proposition de loi, vous n'avez pas envoyé un signal constructif d'accompagnement du gouvernement ou des élus locaux.

Si l'on veut être sérieux sur la question de l'eau potable, il faut l'envisager sur le long terme. Ce sont des décennies de retard qu'il nous faut rattraper, et promettre à nos concitoyens qu'on peut remettre de l'eau dans les robinets en quelques mois seulement relève du mensonge – je pense qu'on pourra s'accorder là-dessus.

De l'argent a été investi dans l'acheminement de l'eau potable, au travers du plan de relance et dans les crédits de mon ministère consacrés à l'outre-mer. Quant à la situation liée à la crise sanitaire, je tiens à dire que les préfets ont pris des mesures de réquisition d'eau grâce auxquelles il n'y a pas eu de pénurie d'eau potable pendant les périodes de confinement.

Si vous voulez faire la course à l'échalote pour savoir qui aura décrit la situation avec le plus grand catastrophisme, libre à vous… Ou bien allez jusqu'au bout de votre logique et déposez une proposition de loi portant recentralisation de la compétence eau potable : vous expliquerez aux élus locaux de Guadeloupe ou de Mayotte qu'ils ne sont pas capables d'exercer cette compétence, mais au moins vous serez cohérente. Pour ma part, je pense que les élus locaux sont compétents, et qu'il faut les accompagner. C'est ce que nous faisons depuis le début de ce quinquennat.

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