Dès le début de la législature, en engageant un tour de France des hôpitaux, les parlementaires communistes avaient lancé l'alerte sur l'état d'abîme dans lequel se trouvaient nos soignants après la loi portant réforme de l'hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires, dite loi Bachelot, et la loi de modernisation de notre système de santé, dite loi Touraine, qui ont inoculé le virus de la règle comptable dans nos établissements publics de santé.
La crise sanitaire sans précédent que nous avons traversée, la désespérance criée sur tous les tons par la communauté hospitalière, la mobilisation forte et digne contre l'état de déshumanisation de nos EHPAD : tout cela vous a contraints à agir.
Le Ségur de la santé a été présenté comme l'ordonnance miracle. Or, au moment où nous parlons, nous avons désormais connaissance, territoire de santé par territoire de santé, région par région, des enveloppes budgétaires censées couvrir les besoins de santé. En Normandie – et ce n'est là qu'un exemple –, les hôpitaux, qui ne sont pourtant pas tombés dans un délire de fièvre acheteuse, font état d'un besoin d'investissement de 960 millions d'euros. En réponse, l'Agence régionale de santé (ARS) nous promet 255 millions d'euros. « Au plus fort la pouque ! », comme on dit chez moi.
Dans le même esprit, le champ du médico-social, c'est-à-dire l'humanisation de la prise en charge des aînés, fait face au même fossé entre les moyens et les besoins. J'ajoute qu'ici comme ailleurs, les critères d'accès aux soins sont préoccupants : tant que vous n'aurez pas le courage politique de territorialiser le numerus clausus, le manque de médecins, à l'hôpital comme en ville, privera nos habitants d'un accès concret aux soins.
Nous savons par ailleurs que le manque de lits et de médecins vous conduit à priver nos concitoyens de liberté, sans considération pour la situation sanitaire – Karine Lebon nous le faisait remarquer ce matin s'agissant de La Réunion.