Intervention de Michel Larive

Séance en hémicycle du mercredi 29 septembre 2021 à 15h00
Création de la fonction de directeur d'école — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Larive :

Le Président de la République a fini par me donner raison en assumant vos intentions. Le 2 septembre, à Marseille, il annonçait une grande réforme pour « l'école du futur », incluant l'ambition d'un nouveau statut pour les directeurs d'école. J'ai écouté son discours avec attention : ce qui nous attend, si nous ne changeons pas rapidement de cap, c'est une libéralisation encore accrue du service public de l'enseignement, à commencer par la conversion des directeurs d'école en DRH – directeurs des ressources humaines. En effet, dans l'école du futur, a déclaré le président Macron, les équipes pédagogiques seront recrutées par le directeur devenu chef d'établissement, un mixage opéré en leur sein entre personnels enseignants, qui appartiennent à l'éducation nationale, et non enseignants, employés par les collectivités. Des dérogations aux rythmes scolaires nationaux deviendront possibles ; bref, après le code du travail décliné entreprise par entreprise, nous aurons droit à un système scolaire inégalitaire, variant selon les établissements, donc selon les territoires.

La proposition de loi que nous examinons de nouveau aujourd'hui, visant à créer la fonction de directeur d'école, ne sert que de tremplin au projet destructeur du Président de la République et de M. le ministre Blanquer en matière d'éducation. Aucun syndicat d'enseignants ne demande la création de cette fonction, telle qu'elle est prévue. J'ai discuté avec l'intersyndicale sur le parvis du Palais-Bourbon : elle réclame l'abandon pur et simple du texte, et davantage de moyens plutôt que davantage de hiérarchie. Malgré cela, vous persistez à poser les jalons d'un statut de directeur d'école qui menace l'égalité républicaine, ainsi que le principe d'égalité territoriale du service public de l'éducation. Contrairement à ce que sous-entendait M. Blanquer lors de nos débats en première lecture, nous ne voulons pas abolir toute hiérarchie au sein de l'éducation nationale : nous pensons qu'une hiérarchie est nécessaire dans l'enseignement du premier degré, qu'elle existe et qu'il convient donc de ne pas la modifier. Ce cadre hiérarchique est incarné par l'IEN, supérieur des enseignants, y compris des directeurs, qui sont eux-mêmes des professeurs des écoles ; il faut que cela reste ainsi.

Or, preuve s'il en fallait de votre volonté de hiérarchiser l'école, vous prévoyez que le directeur bénéficie d'une délégation de l'autorité académique afin d'assurer le bon fonctionnement de l'école qu'il dirige, ce qui revient à en faire un manager dans son école.

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