Intervention de Béatrice Descamps

Séance en hémicycle du mercredi 29 septembre 2021 à 15h00
Création de la fonction de directeur d'école — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBéatrice Descamps :

Cette proposition de loi nous a permis de prêter réellement attention à la situation des directeurs d'école, maillons incontournables de notre système éducatif qui unissent les différents membres d'une équipe éducative. Or la lourdeur de leurs tâches quotidiennes – je n'ai pas assez de temps pour les énumérer – n'est pas prise en compte et ils manquent cruellement de reconnaissance et de temps. Et je veux ici saluer une nouvelle fois le travail chronophage que chacun d'eux effectue. Lors de l'examen de la loi pour une école de la confiance, plusieurs d'entre nous ont d'ailleurs demandé une véritable reconnaissance de cette fonction de directeur accompagnée des moyens correspondants.

Madame la rapporteure, monsieur le ministre, je vous remercie encore de nous avoir donné la possibilité de débattre de ce sujet, ô combien important, tant pour les directeurs que pour l'avenir de notre école. La première lecture de ce texte a été l'occasion de mettre en lumière la situation souvent très difficile de nos directeurs et directrices d'école.

Il était important de reconnaître, dans cette proposition de loi, la place particulière qu'ils occupent. À cet égard, je salue les évolutions apportées par nos collègues sénateurs à travers d'utiles modifications qui assurent un meilleur accompagnement de nos directeurs, tout en précisant, à bon escient, leurs missions. La notion d'autorité fonctionnelle établit un juste équilibre entre nécessité de reconnaître le statut de directeur d'école et maintien de l'important principe qui veut qu'il demeure un enseignant au même titre que ses collègues.

Si ce texte vient à juste titre reconnaître le statut particulier de nos directeurs d'école, il ne faut pas oublier qu'ils sont surtout demandeurs de conditions plus favorables pour effectuer correctement leur travail.

Sur la question des rémunérations et des décharges, j'espère que vos services, monsieur le ministre, resteront à l'écoute du terrain pour ne pas perdre les bénéfices d'une situation en amélioration mais qui reste fragile. Rappelons que les directeurs d'école souhaitent avant tout bénéficier de plus de temps pour mener à bien les missions essentielles au pilotage de leur école, au profit de la réussite des élèves. Libérer efficacement du temps pour les directeurs d'école peut se concevoir soit en augmentant les décharges d'enseignement, soit en fournissant une aide administrative.

Il faut ici saluer l'article qui prévoit la mise à disposition de moyens particuliers pour les écoles qui en auraient besoin, sans oublier de souligner, toutefois, que tous les directeurs ont besoin de moyens, que leur école soit petite ou grande, où qu'elle se situe. Si je peux concevoir que l'aide matérielle dépende éventuellement des municipalités, je considère qu'il revient à l'État de garantir une assistance administrative à ces établissements – je présenterai un amendement en ce sens. On ne doit pas créer de disparités entre les communes en mesure de financer aisément des investissements nécessaires et celles qui n'en ont pas la possibilité, et il y en a.

Je veux aussi relayer les interrogations des enseignants et des directeurs à la suite des annonces que le Président de la République a faites à Marseille, annonces qui, il faut le dire, nous ont surpris. Je crois vraiment, monsieur ministre, que les expérimentations peuvent être une bonne chose mais il faut qu'elles soient bien délimitées, bien expliquées, et surtout que le Parlement soit en mesure d'en évaluer les résultats avant de voir s'il est réellement profitable d'opérer un changement. Nous vous avions proposé un amendement en ce sens, mais celui-ci a été malheureusement jugé irrecevable.

Enfin, il est nécessaire de se poser la question de la place des personnes faisant fonction de directeur. S'il ne faut pas remettre en cause la sélection et la formation des directeurs d'école, il importe de donner la priorité à un directeur faisant fonction titularisé durant l'année afin qu'il garde la direction de son école l'année suivante. Je défendrai un amendement en ce sens.

La proposition de notre collègue Cécile Rilhac nous paraît aller globalement dans le bon sens, mais elle ne nous satisfait pas pleinement. Nous voterons pour afin de ne pas nous opposer au dispositif bénéfique qu'elle prévoit. Nous restons toutefois fermement attachés à certaines mesures qui ont été malheureusement écartées et nous continuerons à les défendre afin que les directeurs d'écoles obtiennent des conditions de travail humainement tenables. Pour ne plus recevoir de messages de détresse, pour qu'il n'y ait plus jamais de Christine Renon, nous devons avoir de l'ambition pour notre école, préparer l'avenir de nos enfants et penser l'école de demain : n'oublions pas que nos directrices et directeurs en sont un maillon essentiel.

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