L'école est cet espace particulier, à la fois sanctuaire permettant le développement des enfants et fenêtre grande ouverte sur le monde ; c'est un lieu dans lequel les enfants de notre pays peuvent apprendre, se dépenser, penser et construire leur citoyenneté.
Afin de les aiguiller et de les accompagner dans ce projet exigeant, les personnels encadrants de nos écoles accomplissent un travail formidable, œuvrant au quotidien à l'épanouissement des enfants dont ils ont la responsabilité. Je veux ici remercier l'ensemble des personnels éducatifs en grève la semaine dernière et ceux qui ont manifesté aujourd'hui ; ce quinquennat, marqué par un manque de considération et d'écoute, aura été pour eux source d'inquiétude – les propos du Président de la République n'auront rien arrangé.
Le texte que nous examinons, s'il a permis de débattre de la situation des directeurs et des directrices d'école – je sais l'attachement de Mme la rapporteure à ces questions –, n'est pas satisfaisant. Les directeurs et directrices sont en effet le fil conducteur garantissant le bon fonctionnement des établissements ; ils défendent le pouvoir d'agir dans un esprit de collégialité et de responsabilité.
Nous avons auditionné plusieurs syndicats représentant la profession et nous avons écouté ce que les femmes et les hommes concernés demandent ; à l'évidence, nous n'avons pas entendu les mêmes choses ! Leurs attentes sont très claires et je me permets de les rappeler : ils veulent une augmentation du temps de décharge, une simplification des tâches – souvent chronophages –, une aide humaine dans la gestion des missions et une revalorisation de leur métier. Finalement, la plupart réclament un allègement de leur charge quotidienne, eu égard à des conditions de travail qui se sont dégradées dans un contexte de plus en plus tendu au fil des ans, assignant à l'école la lourde tâche de réparer tout ce que la société peine à corriger.
En augmentant leurs tâches annexes tout en supprimant des emplois aidés, la proposition de loi issue de la commission conduit à alourdir leurs missions sans leur fournir les moyens adéquats ; son contenu ne saurait donc nous satisfaire, d'abord parce que, contrairement à ce que nous avions décidé en première lecture, vous avez choisi de revenir à l'instauration d'une autorité fonctionnelle, concept que fort peu de directeurs revendiquent. Le conseil des maîtres permet déjà, dans le cadre d'un dialogue ouvert, la prise de décisions nécessaires au bon fonctionnement de l'école.
Monsieur le ministre, madame la rapporteure, si l'école est une entreprise humaine à la recherche de l'épanouissement de nos enfants, elle ne peut en aucun cas devenir une entreprise soumise aux lois du marché et de la rentabilité.