Intervention de Michèle Victory

Séance en hémicycle du mercredi 29 septembre 2021 à 15h00
Création de la fonction de directeur d'école — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichèle Victory :

Car, s'il est un constat partagé, c'est bien celui de l'appétence pour le travail collégial. Il peut donc être question d'inscrire dans la loi un quelconque lien de subordination ou de hiérarchie, même de manière déguisée.

En commission, plusieurs d'entre nous vous ont demandé une rédaction claire et sans ambiguïté concernant la place et le rôle des directeurs et directrices. Or la rédaction que vous avez choisie est de nature à distiller doutes et craintes dans l'esprit des intéressés. Cette disposition risque finalement d'être une source de tensions inutiles entre enseignants, pour lesquels la notion de relation de pair à pair reste fondatrice. Nous demandons sa suppression ainsi que l'inscription dans la loi de l'absence de lien hiérarchique entre les directeurs, les directrices et les enseignants. C'est assez simple : un sujet, un verbe, un complément !

Il est à craindre que les directeurs et les directrices se retrouvent à effectuer des missions supplémentaires liées à la formation, à la coordination ou à l'inclusion, assorties d'objectifs à atteindre. Or ces axes de travail, s'ils sont essentiels, doivent rester le fruit d'un dialogue fluide entre les autorités administratives, les équipes et les familles.

Nous nous interrogeons également sur la bonification indiciaire ainsi que sur les indemnités et les primes : elles méritent d'être augmentées, alors même que le dialogue social apparemment instauré n'a pas permis d'obtenir un consensus large sur ces questions. Il en est de même pour les temps de décharge, qui devraient être sanctuarisés. C'est une des clés du problème : la quantité de travail consacrée par les directrices et les directeurs à leurs responsabilités ne relève pas d'un calcul purement mathématique, car certaines tâches sont incompressibles. De plus, nous l'avions déjà évoqué en première lecture, le manque de remplaçants susceptibles de venir soutenir les équipes reste un problème majeur. La question de l'attractivité des métiers de l'enseignement dans leur ensemble se pose toujours avec acuité, à l'heure où trop de postes restent vacants faute de candidats.

À cet égard, nous avons déposé un amendement visant à introduire plus de souplesse dans les conditions d'inscription des enseignants sur la liste d'aptitude à la fonction de directeur d'école ; si nous pensons qu'elle doit être préalable à la prise de fonction, son absence ne doit pas être un frein à la réalisation d'un projet.

Nous serons toujours favorables à l'apport d'une assistance matérielle et humaine aux personnels, dès lors qu'elle s'effectue concrètement, grâce à des moyens budgétés et chiffrés. Ainsi, nous sommes aussi attachés à ce que l'État ait la capacité, partout sur le territoire national, de donner aux équipes les moyens nécessaires à leur bon fonctionnement. Les inégalités territoriales doivent être corrigées par la volonté d'un État pleinement engagé aux côtés de ses enseignants et de sa jeunesse pour mener une politique ambitieuse d'émancipation.

La revalorisation de la fonction de directeur d'école, que tous et toutes appellent de leurs vœux, ne peut être satisfaite par les propositions que vous nous faites. Pour toutes ces raisons, le groupe Socialistes et apparentés votera contre le texte.

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