Bientôt, quel que soit le service commercialisé, l'Allemagne sera toujours en situation de le fournir et d'en tirer un bénéfice. En avril 2021, la même start-up allemande, Isar Aerospace, passe un accord avec la Norvège afin de pouvoir y faire ses lancements. Ce faisant, elle contribue à marginaliser le rôle du centre spatial guyanais et, si l'on n'y prend garde, Kourou sera prochainement un port de second rang.
En mai 2021, c'est carrément l'État allemand qui passe contrat avec la même Isar Aerospace. C'est curieux, car il existait pourtant chez Arianespace un projet de minilanceur – Sparrow – qui, bizarrement, a été arrêté en 2017… L'Allemagne ne se voyait sans doute pas fabriquer un gâteau européen qu'il aurait fallu partager : la voilà désormais en passe de fabriquer un gâteau strictement allemand. On voit bien qu'il n'y a pas de dépendance mutuelle acceptable pour les dirigeants allemands. On ne saurait les en blâmer : ils ont été élus pour défendre les intérêts allemands.
Je sais que ces observations vont susciter des protestations. Permettez donc que je cite la réponse que le gouvernement allemand lui-même a faite à un questionnaire de l'Union européenne. Il y a quelques mois à peine, il se désolait auprès de Bruxelles du fait que « jusqu'à aujourd'hui, il n'y a pas de concurrence européenne possible dans les catégories actuelles de lanceurs Ariane – et Vega –, alors qu'une concurrence vivante émerge dans le domaine des microlanceurs dans toute l'Europe. La prochaine étape logique serait de développer cette concurrence sur des systèmes de lancement et de charges utiles plus lourds ». Vous voilà prévenus !
Et pour couronner le tout, le 6 septembre dernier, le gouvernement allemand a officialisé son soutien au projet de plateforme de lancement de minilanceurs – dit GOSA – en mer du Nord !