Mes mots seront d'abord pour féliciter et remercier Sébastien Nadot d'avoir pris le temps de dénoncer, à cette tribune, l'impossibilité de présenter son amendement.
Il était pertinent de profiter de ce texte pour dire avec force combien il est indigne, dans l'idée que nous nous faisons de la République, que l'on puisse mettre en détention des enfants. Combien sont-ils à l'heure où nous parlons ? Je n'en sais rien. Mais la CIMADE nous indique qu'ils étaient au moins 300 à 350 en 2018, et que ce nombre a tendance à augmenter. Peut-être a-t-il, à la faveur de la crise sanitaire, un peu diminué. Mais cette possibilité d'enfermement est là, avec tout ce qu'elle entraîne : tous les praticiens de la solidarité savent la souffrance qu'elle provoque – l'eczéma, les maladies – et les conditions terribles dans lesquelles des enfants, parfois même des nouveaux-nés, sont enfermés.
Mes collègues, notamment François Ruffin et Ugo Bernalicis, vous diront nos objections : l'absence de moyens, le caractère souvent cosmétique des modifications apportées sur ce sujet ô combien grave, le refus de sortir de ce système départemental où les inégalités d'un département à l'autre sont criantes pour aller vers un service public national. Les enjeux sont multiples.
Mais on a bien compris que cette motion de rejet était motivée à juste titre par la dénonciation de la rétention administrative des enfants.
Je suis surpris de l'absence de réaction de la part du Gouvernement – c'est une manière de dire « cause toujours ! » – sur un sujet aussi grave. Le fait que le texte n'interdise pas le placement des enfants en centre de rétention est également une signature.
Monsieur le secrétaire d'État, prenez la peine de répondre, vu le temps consacré par notre collègue Sébastien Nadot et la gravité de ce qu'il dénonce. Vous pourriez ainsi décider, à l'occasion des débats parlementaires, de prendre cette question à bras-le-corps. Arrêtons, en France, patrie des droits de l'homme – comme on l'appelle si souvent –, de placer des enfants innocents en détention.