Il est vrai que ce texte relatif à la protection de l'enfance était très attendu, tant les besoins sont immenses et les manques criants. Dernièrement, il aura fallu nombre d'études et de documentaires, parfois chocs, ainsi que la mobilisation de personnalités et d'anciens enfants confiés à l'ASE, pour que la question de leur sécurité soit enfin prise au sérieux.
À l'instar de mon groupe, je considère que les questions des droits de l'enfant et plus particulièrement du droit à l'enfance sont des sujets majeurs de notre siècle. Je me souviens d'une ancienne campagne du Secours populaire français qui nous rappelait que « les droits de l'enfant grandissent les hommes » et les femmes. C'est ce fil conducteur qu'il conviendrait de tirer.
Cependant, disons-le dès à présent, ce projet de loi n'est pas à la hauteur des attentes exprimées à la suite de toutes ces révélations – je ne sais pas s'il convient de parler de libération de la parole, mais il s'avère qu'une parole s'est bien diffusée au sein de la société. Oui, l'aide sociale à l'enfance est en crise ; elle dysfonctionne. Nous faisons face à des familles d'accueil surchargées, à une pénurie d'assistants familiaux, à un manque de moyens accordés à la justice et aux départements, à la question des violences, mais aussi à celle du sens, du lien, de l'attachement. Qu'existe-t-il lorsque les parents ne peuvent plus assurer amour et sécurité ?
Si nous ne faisons rien ou si nous en restons à cette version du texte, je crains que ces problèmes ne s'aggravent encore fortement, compte tenu de l'état de notre société et de la crise sociale et économique que nous vivons. Vous le savez, mais nous le redirons à maintes occasions, ces manques ont un impact sur la vie des enfants, leur bien-être et leur sécurité, et ce tout au long de leur vie.
Comme d'autres, mon groupe a tenté d'enrichir le texte, en déposant de nombreux amendements, mais beaucoup d'entre eux ont subi la même rengaine en étant déclarés irrecevables au motif qu'ils auraient accru la charge financière de l'État. Or oui, nous l'assumons, protéger les enfants représente un coût, nécessite des moyens humains et financiers. Contrairement à ce que le projet de loi voudrait prétendre, j'estime qu'une meilleure protection des enfants ne peut être gratuite. Cela n'existe pas.