…mais cela ne changera rien, sinon que nous aurons bonne conscience. C'est pourquoi nous prévoyons des exceptions et donnons du temps aux départements, avec lesquels l'État contractualise. Laissons-leur un peu de temps, car on ne crée pas des places d'accueil du jour au lendemain.
Pour avoir été chargée de cette politique publique dans le département de l'Isère, je peux témoigner qu'avant l'arrivée massive des mineurs non accompagnés – alors appelés mineurs isolés étrangers (MIE) –, on y arrivait : ils étaient peu nombreux, on créait une dizaine de places, ils allaient dans nos foyers, et on les accompagnait. Procureur, gendarmerie, préfecture, département… nous travaillions tous de concert, et cela fonctionnait.
En revanche, nous n'avons pas su faire face à l'arrivée massive de mineurs non accompagnés : nous n'avions plus assez de places, les foyers étaient pleins, les structures sportives et les associations sollicitées pour les accompagner étaient débordées.
Oui, il y a un vrai problème, mais ce n'est pas en un quart d'heure de discussion que nous le résoudrons. Aujourd'hui, nous lançons un signal fort en inscrivant l'interdiction dans la loi : il ne doit plus y avoir de gamins à l'hôtel. Toutefois, cette interdiction ne peut pas devenir effective du jour au lendemain ; c'est la raison pour laquelle nous prévoyons des exceptions et nous donnons du temps.