Intervention de Patricia Lemoine

Séance en hémicycle du jeudi 15 juillet 2021 à 9h00
Débat d'orientation des finances publiques pour 2022

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPatricia Lemoine :

Nous nous retrouvons ce matin pour le traditionnel débat d'orientation des finances publiques, qui revêt une importance particulière en cette période si singulière. La violence de la crise sanitaire et économique a entraîné une réponse massive de la puissance publique aux conséquences inédites pour les finances de notre pays. Le rapport préparatoire au débat d'orientation des finances publiques balaie la situation financière avant, pendant et après la crise. Nous partageons la grande majorité des constats et des orientations qui y figurent, même si certains points nous semblent demander à être atténués ou précisés.

Tout d'abord, s'agissant de la situation des finances publiques avant la crise, le Gouvernement se félicite de sa bonne gestion, qui a permis une stabilisation à moins de 98 % du ratio entre la dette et le PIB, et de faire repasser le déficit public sous la barre des 3 points de PIB. Si nous partageons ce constat, nous sommes convaincus que nous aurions pu – et dû – aller plus loin dans le rétablissement des comptes publics : en effet, nous avons abordé la crise dans une situation moins enviable que la grande majorité de nos partenaires européens.

Cette exigence doit toutefois être nuancée par trois observations importantes.

En premier lieu, la politique de baisse des prélèvements obligatoires, tant pour les particuliers que pour les entreprises, a permis de redonner du pouvoir d'achat à nos concitoyens et de la compétitivité à nos entreprises. Cette politique porte ses fruits, la France étant restée en 2020, pour la deuxième année consécutive, le pays le plus attractif d'Europe pour les investisseurs.

En outre, le climat social qui a présidé en France en 2018 et 2019, notamment avec le mouvement des gilets jaunes, a conduit le Gouvernement à prendre des mesures de rattrapage en faveur du pouvoir d'achat qui n'avaient pas été décidées ces dernières années.

Enfin, si l'effort de rétablissement des comptes publics aurait dû être plus important depuis 2017, il aurait surtout dû l'être depuis plus de trente ans : les gouvernements successifs, de droite comme de gauche, ont en effet failli à redresser la barre.

Par ailleurs, en ce qui concerne la gestion de la crise – sujet que nous avons déjà longuement abordé dans l'hémicycle – je crois que nous pouvons presque tous nous accorder sur la justesse de la réponse apportée par la puissance publique : elle a été massive, efficace et bien calibrée. Le « quoi qu'il en coûte » était la seule doctrine à même de protéger nos concitoyens et les acteurs économiques contre la crise. L'année 2021 est donc une année charnière : les politiques de soutien à l'économie et à nos concitoyens les plus fragiles doivent s'accorder avec le déploiement rapide du plan de relance.

Enfin, il faut désormais réussir l'étape cruciale de la sortie de crise, alors que la situation sanitaire est susceptible d'évoluer d'ici le PLF pour 2022. À ce titre, l'intervention du Président de la République lundi a permis de rappeler notre priorité : la vaccination pour tous. Avec le pass sanitaire, elle est notre meilleure arme pour sortir définitivement de cette crise. Le Président a également évoqué l'avenir, les réformes à mener pour moderniser le fonctionnement de l'État, renforcer notre politique de formation tout au long de la vie ou encore répondre au défi majeur de l'autonomie des personnes âgées. À nos yeux, ces annonces devraient trouver une traduction budgétaire dès le prochain PLF. Nous partageons également pleinement la nécessité de continuer à investir pour bâtir l'économie française de demain, en mettant fin à notre dépendance dans les secteurs stratégiques – cela a déjà été souligné, à la fois par les orateurs m'ayant précédée, par le ministre, et par le secrétaire d'État.

À ces priorités rappelées par le Président de la République, il faut ajouter celle donnée aux politiques régaliennes, évoquée dans le rapport préparatoire à ce débat, et l'effet cliquet des mesures d'urgence et de relance prises pour répondre à la crise.

Toutes ces politiques ont un coût pour nos finances publiques et devront être financées. Monsieur le ministre, pouvez-vous nous donner plus de précisions sur le financement de ces nombreuses dépenses nouvelles ? Elles nous paraissent légitimes mais nous inquiéteraient si elles devaient se traduire par un endettement supplémentaire – ma collègue Lise Magnier reviendra plus en détail sur ce sujet. En tout état de cause, vous pouvez compter sur le groupe Agir ensemble pour vous accompagner dans votre ambition réformatrice pour offrir aux Françaises et aux Français un avenir meilleur.

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