Je voudrais revenir sur vos arguments, monsieur le rapporteur et monsieur le ministre délégué. Tout d'abord, je pourrais comprendre celui de l'injonction, mais je rappelle tout de même que, dans la loi de finances initiale pour 2021, seize articles ont prévu que le Gouvernement remette un rapport au Parlement, et le Conseil constitutionnel n'a pas censuré ces articles au motif qu'il y aurait injonction. Je ne partage donc pas votre point de vue sur l'existence d'un risque constitutionnel à cet égard. Quoi qu'il en soit, pourquoi ne pas introduire cette mesure pour donner la possibilité au Conseil constitutionnel de se prononcer et de lever ainsi le doute ?
Je donnerai trois exemples qui me semblent faire jurisprudence en la matière : le Conseil constitutionnel a censuré en 2009 une disposition qui enjoignait au Gouvernement de transmettre pour avis tout projet de nouveau cahier des charges des sociétés nationales de programmation audiovisuelle aux commissions parlementaires compétentes – voyez qu'on est tout de même assez loin de la communication d'avis qui existent déjà. Une autre censure a concerné, en 1990, une disposition prescrivant au Gouvernement de déposer un projet de loi dans un délai précis. La troisième censure se rapportait, en 2000, à une disposition qui prescrivait au Gouvernement d'affecter et d'utiliser des crédits. La transmission de l'avis du Conseil d'État n'a donc aucun rapport avec les trois cas que je viens d'évoquer. Mais j'ai bien entendu aussi votre argument de l'enjeu politique, monsieur le rapporteur.