Intervention de Gérard Leseul

Séance en hémicycle du mardi 20 juillet 2021 à 15h00
Lutte contre le dérèglement climatique — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGérard Leseul :

À la fin du mois de juin, des vagues de chaleur extrême ont touché les États-Unis et le Canada ; les dômes de chaleur qui se sont abattus sur plusieurs villes ont provoqué des dizaines de morts. La forêt amazonienne est devenue émettrice de carbone. Madagascar est frappé par la famine. Il y a quelques jours, c'est le continent européen qui a été touché ; cela s'est produit en France, en Allemagne, en Belgique et aux Pays-Bas : les fortes pluies, couplées à une artificialisation des sols bien souvent excessive, ont provoqué de véritables torrents de boue qui ont tout détruit sur leur passage.

La vérité est crue, mes chers collègues : les catastrophes climatiques tuent et mettent en cause la sécurité des populations. Chaque dixième de degré supplémentaire accentuera l'intensité des phénomènes climatiques. Les chercheurs ont déjà du mal à prévoir ce genre de phénomènes. Qu'en sera-t-il demain si nous n'arrivons pas à réduire drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre pour limiter le réchauffement à 2o C ? À quel endroit le texte traite-t-il concrètement de l'adaptation et de la résilience de notre pays face aux phénomènes naturels ?

Le projet de loi s'inscrivait dans une démarche audacieuse de démocratie participative, avec la réunion d'une Convention citoyenne pour le climat à laquelle je rends hommage. L'occasion était belle de mettre définitivement notre pays sur les rails de la neutralité carbone pour tenir réellement les engagements pris dans l'accord de Paris de 2015. Alors, ces derniers jours, comme vous, je me suis demandé si le texte adopté par la commission mixte paritaire à laquelle j'ai participé était réellement à la hauteur des enjeux auxquels nous et nos enfants serons confrontés au cours des prochaines décennies.

La réponse nous vient, tout d'abord, des différents rapports du GIEC, lequel nous alerte depuis plus de trente ans par des conclusions prémonitoires : l'effet de serre accentuera les deux extrêmes du cycle hydrologique, c'est-à-dire qu'il y aura plus d'épisodes de pluies extrêmement abondantes et plus de sécheresses – c'est ce à quoi nous assistons aujourd'hui. Si nous ne diminuons pas les émissions de gaz à effet de serre de façon drastique, ces phénomènes vont encore s'amplifier après 2030 et après 2040, nous alertent ces différents rapports.

La réponse à mon interrogation vient aussi du Haut Conseil pour le climat, instance indépendante voulue par le Président de la République ayant pour but d'analyser si nous sommes capables, au vu des normes législatives et réglementaires adoptées, de tenir les engagements que nous nous sommes fixés. Son constat est sans détour : la France devra procéder à un ajustement immédiat des calendriers et des efforts maintenant que l'Union européenne s'est fixé un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre plus ambitieux de 55 % en 2030.

Enfin, une autre partie de la réponse se trouve dans l'arrêt Grande-Synthe du Conseil d'État, dans lequel la plus haute juridiction administrative a récemment donné neuf mois à l'État pour prendre des mesures de lutte contre le réchauffement climatique. Vous avez voulu gagner deux mois de débats, nous perdrons deux ans d'action concrète.

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