Intervention de Éric Woerth

Séance en hémicycle du mardi 20 juillet 2021 à 15h00
Règlement du budget et approbation des comptes de l'année 2020 — Nouvelle lecture

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Woerth, président de la commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire :

J'évoquerai quelques faits saillants concernant ce projet de loi de règlement qui, au fond, nous fait regarder vers le passé tout en nous fournissant quelques éléments pour mieux affronter l'avenir.

Tout d'abord, l'année 2020 a évidemment été très exceptionnelle. En loi de finances initiale, le déficit budgétaire était prévu à 93 milliards d'euros ; il s'établit finalement à 178 milliards – pour mémoire, après la crise de 2008, le déficit public de l'année 2009 était inférieur de 30 milliards.

Le deuxième fait saillant, ce sont les reports massifs de crédits de 2020 sur 2021 : 36 milliards d'euros. C'est tout de même un élément très marquant du projet de loi de règlement et des phénomènes budgétaires de l'année 2020 – c'est d'ailleurs pour cela que le Sénat a considéré que le budget n'était pas sincère.

Troisièmement, la crise n'explique pas l'ensemble des dépenses. Comme la Cour des comptes, je l'avais déjà indiqué : 7 milliards correspondent à des dépenses supplémentaires qui ne sont imputables ni à la crise, ni à la relance, ni surtout au plan d'urgence. Cinq missions du budget général connaissent une hausse de dépenses hors crise supérieure à 1 milliard d'euros. La crise ne peut pas être un prétexte pour dépenser sur toutes les lignes – chacun le comprendra bien, mais malheureusement cela ne semble pas être le cas aujourd'hui. Dans le cadre du débat d'orientation des finances publiques, en regardant un peu devant nous cette fois-ci, nous avons d'ailleurs eu la confirmation que la réduction des dépenses publiques n'était pas vraiment à l'ordre du jour, ni celle d'ailleurs des emplois publics sans laquelle il ne peut y avoir de contrôle et de maîtrise de la dépense publique.

Dernier point très saillant, le rapporteur l'a indiqué, c'est l'évolution de l'endettement. Poussé par la crise, il s'établit à un niveau très élevé. Comme chacun le sait, cet endettement est évidemment une pierre dans le jardin de la France – il sera très compliqué de le réduire. Rien dans la stratégie du Gouvernement pour les années qui viennent n'est de nature à nous rassurer. La vérité, c'est que la France est vulnérable à toute hausse, voire à tout frémissement de la courbe des taux d'intérêt.

Hier, nous avons pu adopter une proposition de loi organique que le rapporteur général et moi-même avions déposée et nous avons eu un bon débat. Elle permettra une modernisation de nos outils de gestion des finances publiques, mais cela n'aura d'intérêt que si on y met une bonne politique – les bons outils fonctionnent bien quand ils permettent d'éclairer une bonne politique. Nous aurons besoin, durant l'année 2022, de signes très forts pour montrer que la France n'est pas abonnée aux déficits et qu'il n'y a pas de fatalité pour que la France vive au-dessus de ses moyens, quitte à en payer, à un moment donné, les lourdes conséquences.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.