Intervention de Lamia El Aaraje

Séance en hémicycle du mercredi 21 juillet 2021 à 15h00
Gestion de la crise sanitaire — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLamia El Aaraje :

Hier, en commission des lois, j'ai commencé mon propos en indiquant la volonté farouche des députés socialistes et apparentés de se tenir du côté de la science, du progrès médical et du bien commun et, au vu de la situation sanitaire, de se montrer constructifs. Naïve, sans doute, j'ai cru en votre bonne foi, monsieur le ministre, lorsque vous avez indiqué être ouvert à la discussion, dans l'intérêt du bien commun et de la préservation de la santé de nos concitoyens.

Mais aujourd'hui, mes chers collègues, le compte n'y est pas, et je suis en colère devant le peu de considération dont l'exécutif fait preuve à l'égard de la représentation nationale et vis-à-vis des Françaises et des Français.

La manifestation de ce mépris auquel vous nous avez habitués depuis maintenant quatre ans aurait peut-être dû doucher ma naïveté. Que voulez-vous, j'ai sincèrement cru que, face à l'imminence d'une quatrième vague et compte tenu du manque répété d'anticipation dont le Gouvernement a fait preuve, nos efforts pourraient converger, pour servir l'intérêt commun au-delà d'éventuels clivages partisans. C'est sans doute cette naïveté qui me conduit à m'exprimer devant vous aujourd'hui. Mais à notre grand désarroi, un débat éminemment important pour l'avenir de notre pays et la santé de nos concitoyens ne s'est pas déroulé de la façon apaisée et constructive que nous avions souhaitée.

Comment ne pas s'offusquer, alors que les délais d'examen du présent texte sont absolument intolérables ? Cet examen, entamé seulement quatre jours avant la fin de la session extraordinaire du Parlement, a lieu dans des conditions déplorables : rédigé à la hâte, le texte nous a été communiqué officieusement lundi soir, à vingt et une heures et trente minutes, à la sortie du conseil des ministres, mais n'a été publié qu'à vingt-trois heures et quarante-huit minutes sur le site de l'Assemblée nationale. Le délai de dépôt des amendements courait jusqu'à seize heures hier, soit une heure avant le début de l'examen du texte en commission.

De telles conditions témoignent d'un mépris du rôle du Parlement et des parlementaires que nous sommes, mes chers collègues ! Comment ne pas s'offusquer, lorsque la présidente de la commission des lois, censée être garante du respect de nos travaux, affirme ne voir aucun problème dans le fait d'avoir examiné ce texte en seulement douze heures ?

Madame la présidente, examiner un texte de cette nature, qui a autant d'impact sur nos vies, entre dix-sept heures et cinq heures du matin, après avoir disposé de huit heures pour en prendre connaissance, ne correspond pas à ce que je qualifierais de débat respectueux, ou constructif. Douze heures d'examen pour inscrire dans la loi des restrictions de libertés figurant parmi les plus importantes que nous ayons pu connaître, de mémoire de constitutionnaliste : c'est ubuesque ! Je suis outrée. Et je pèse mes mots pour ne pas m'étouffer de rage.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.