On le sait bien, le provisoire et l'exceptionnel finissent souvent par durer. On l'a vu avec la dernière loi antiterroriste qui fait entrer dans le droit commun toute une myriade de dispositions de l'état d'urgence. Les structures administratives mises en place pour gérer une situation temporaire trouveront toujours de bonnes raisons de pérenniser leur existence.
C'est donc la porte ouverte aux pires dérives, où des caméras de reconnaissance faciale – comme rêvent déjà d'en installer Valérie Pécresse ou Laurent Wauquiez dans les trains de leurs régions ou encore Christian Estrosi dans les rues de sa ville – pourront vérifier à chaque instant nos informations sanitaires, et pourquoi pas, demain, notre identité, écouter nos conversations, suivre nos mouvements ? Dans un contexte déjà sombre pour les droits et libertés, c'est un choix net et significatif pour le monde qui vient.
Le passe sanitaire et la vaccination obligatoire constituent ainsi un nouvel affront de l'exécutif envers les principes les plus élémentaires de la démocratie. Ils ont au moins le mérite de révéler son vrai visage : celui d'un pouvoir qui n'accorde la liberté qu'aux entreprises et n'a aucune confiance dans les citoyens et la société, qu'il cherche en permanence à caporaliser. C'est pourquoi je m'opposerai à ce texte, dans sa philosophie, comme dans ses modalités.