Soyons brefs, soyons justes, pour relater l'année budgétaire écoulée – qui n'est pas n'importe laquelle, car elle a été frappée par une crise sanitaire inédite. Je regrette qu'aucun compromis n'ait pu être trouvé avec nos collègues sénateurs. Cette absence de compromis est regrettable au regard des temps incroyables que nous vivons et affrontons. Alors que la situation appelle à l'union et à la concorde, certains privilégient les chemins de traverse, à l'aide de boussoles aléatoires.
La confiance qu'accorde le groupe Agir ensemble au Gouvernement n'exclut pas le contrôle – selon la formule consacrée que certains attribuent à Lénine, lequel ne figure pourtant pas dans mon panthéon référentiel !
Je développerai trois points qui me paraissent saillants. Je souhaite tout d'abord dire une nouvelle fois que ce projet de loi de règlement traduit la violence de la crise sur l'économie et la réponse massive apportée par l'État, qui a fortement pesé sur les finances publiques. Le « quoi qu'il en coûte », nécessaire, salvateur, a été bien mis en œuvre, et nous pouvons en être fiers ; car, derrière les chiffres que nous examinons au travers de ces projets de loi financiers, il y a des vies qui peuvent basculer, des espoirs qui peuvent renaître. Je crois que notre accompagnement a vraiment été au niveau des besoins pendant la crise, même si bien sûr, çà et là, des situations individuelles dramatiques nous rappellent que notre engagement pour que chacun puisse vivre dignement ne doit jamais cesser.
C'est l'honneur de ce pays que de mettre la solidarité entre les citoyens au cœur de son modèle social. En ces temps si particuliers, nous devons toujours garder à l'esprit qu'il nous a été légué un trésor que nous devons préserver et continuer à entretenir. Toutefois, cela ne veut pas dire qu'il faut rester dans l'immobilisme, car des réformes sont nécessaires pour améliorer et adapter ce modèle aux enjeux de notre temps.
Deuxièmement, vous avez été quelques-uns, chers collègues, à vous émouvoir du report massif de crédits entre 2020 et 2021. Nous partageons bien sûr votre appel à la vigilance, car un report de plus de 30 milliards d'euros de crédits est du jamais vu. Mais l'humilité et l'honnêteté nous poussent à concéder que les incertitudes pesant sur la conjoncture sanitaire et économique commandaient de prévoir plutôt plus que moins.
Cette observation vaut également pour le volet relatif à la gestion sanitaire de la crise. Il nous faut faire preuve d'humilité car nous avons beaucoup appris sur le virus et son évolution depuis un an et demi, et nous avons encore beaucoup à en apprendre. Les décisions que doit prendre le Gouvernement sont des décisions compliquées, aux implications et aux inconnues importantes. Et le choc de la pandémie n'a en rien entamé la sincérité de ce budget 2020.
Enfin, et je terminerai sur ce point pour tenir ma promesse de brièveté, il nous faut d'ores et déjà penser à l'avenir. Nous devons relever le défi de concilier création de croissance et rétablissement des finances publiques. Pour cela, il nous faudra favoriser les dépenses d'avenir, et moderniser le fonctionnement de notre État. Je vous le disais déjà mardi lors de l'examen de ce projet de loi en nouvelle lecture : notre pays regorge de talents qui sont prêts à construire, ensemble, la France d'aujourd'hui et de demain. Alors, libérons les énergies positives, encourageons l'engagement et la fraternité. Car c'est ensemble, et seulement ensemble, que nous parviendrons à léguer aux nouvelles générations un avenir prospère. Beaucoup est à repenser, à reconstruire, si nous voulons réellement honorer l'espoir du monde d'après.
Vous nous trouverez à vos côtés, madame la secrétaire d'État, pour relever ces défis et, dans l'immédiat, pour voter en faveur de ce projet de loi de règlement du budget et d'approbation des comptes de l'année 2020.