Nous nous retrouvons pour examiner, près de trois mois après son dépôt, le projet de loi de règlement des comptes de l'année 2020. Vous avez cette année déposé ce texte avec un mois d'avance ; je tiens à le saluer.
L'exercice reste pourtant agaçant car, la loi de règlement étant un instantané des finances de l'année passée, nos possibilités sur ce texte sont très limitées : demander quelques explications ; à la limite, contester le constat qui est fait avec nos faibles moyens de parlementaires, pour proposer une évaluation alternative ; ensuite, adopter le texte ou le rejeter. Il ne nous reste alors, d'une discussion générale à l'autre, qu'à rappeler nos désaccords passés. Au nom du groupe Socialistes et apparentés, je rappellerai par exemple les divergences entre le plan de relance que nous avons proposé et le vôtre, arrivé plus tard, plan à nos yeux mal ciblé puisqu'il ne permettra ni une réindustrialisation du pays, ni un rebond rapide de la consommation, donc de l'activité économique.
Vous venez certes de réviser la prévision de croissance pour 2021 de 5 à 6 %, mais rappelons que ce n'est qu'un rattrapage, qui ne sera complet que courant 2022. Dans le même temps, les États-Unis, l'Allemagne ou le Canada l'auront terminé dès 2021, grâce à des chutes de croissance plus faibles en 2020 – respectivement de moins 3,5 %, moins 5,1 % et moins 5,4 %, contre moins 8,2 % pour la France – et des hausses plus fortes en 2021 – respectivement 7 %, 3,3 % et 6,1 %, contre 5,8 % pour la France –, d'après les sources de l'OCDE, l'Organisation de coopération et de développement économiques.
Je rappellerai également notre désapprobation de votre gestion de la crise, non seulement concernant le calendrier des décisions sanitaires, mais aussi s'agissant des finances publiques, avec le calendrier du PLFR 4. La Cour des comptes elle-même a jugé celui-ci inutile, car il s'est traduit par de considérables reports de crédits – plus de 28 milliards d'euros sur une seule mission et plus de 43 milliards en tout – au lieu de les annuler et d'en rouvrir de nouveaux, comme le fait tout gouvernement qui se soucie de la lisibilité de son action budgétaire pour permettre un contrôle parlementaire effectif.
De plus, je rappellerai l'insuffisance des efforts ciblés sur le long terme, sur la protection de l'environnement, la recherche et notamment la production vaccinale ; nous y consacrons l'équivalent de 2,25 % du PIB, contre 3 % pour l'Allemagne. Notre présidente Valérie Rabault a rappelé mardi, en s'adressant au Premier ministre lors des questions au Gouvernement, la faiblesse des montants que nous avons investis dans la course au vaccin – je ne les répéterai pas. Nous payons très cher aujourd'hui cette insuffisance : je vous renvoie à la question récurrente du nombre de doses disponibles au regard des promesses que vous faites, et à celle des restrictions de liberté que vous faites planer sur celles et ceux qui ne pourront pas être vaccinés à temps.
Enfin, je rappellerai quelques inconséquences de votre inaction : lorsque vous refusez la déconjugalisation de l'allocation aux adultes handicapés ; lorsque vous avez trop longtemps laissé notre jeunesse à sa faim, malgré nos alertes incessantes et nos propositions d'ouvrir des revenus d'urgence, et malgré le crève-cœur qu'ont été les images d'étudiants devant leur frigo vide ou faisant la queue auprès des banques alimentaires pour obtenir quelques ressources. Pour ajouter à l'affront, l'une de vos collègues du Gouvernement est allée leur remettre une médaille et un chèque de 500 euros. Quelques-uns de vos candidats aux élections régionales ont même repris certaines de nos propositions, alors qu'ils les avaient refusées dans l'hémicycle.