Intervention de Philippe Vigier

Séance en hémicycle du dimanche 25 juillet 2021 à 22h00
Gestion de la crise sanitaire — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Vigier :

Chacun a bien compris que nous faisons face à une pandémie hors norme. J'ai regardé, monsieur le ministre, l'histoire des pandémies dans le monde : il s'agit de la onzième, la plus mortelle que nous ayons connue depuis le VIe siècle. À situation exceptionnelle, il faut des moyens exceptionnels. Tout le monde a en mémoire la peste noire et ses 25 millions de morts, la grippe espagnole, le choléra ou la variole. Il faut prendre en considération toutes les incertitudes concernant ce virus multiforme, dont nous n'avons pas fini de connaître les évolutions.

Il fallait agir vite et fort, agir avec cohérence et permettre un contrôle démocratique par le Parlement. Cela s'est traduit, comme l'ont rappelé les précédents orateurs, par la réunion d'une commission mixte paritaire à laquelle j'ai eu l'honneur d'assister et à l'issue de laquelle, je le dis très simplement, il n'y a ni gagnants ni perdants. L'exercice essentiel, indispensable que nous devions conduire ensemble était de protéger nos concitoyens : j'en veux pour preuve que les vaccins étrangers que les sénateurs souhaitaient reconnaître ont finalement été écartés, ou que nous avons accepté certaines dispositions importantes proposées par les sénateurs comme celles concernant les adolescents ou l'abandon des mesures de licenciement. Cela signifie également que le Gouvernement a fait des efforts de compréhension pour parvenir au résultat de ce soir.

Agir fort, cela passe par la vaccination. Il y a quelques semaines encore, le débat était de savoir s'il ne fallait pas envisager une vaccination obligatoire. Aujourd'hui, nous constatons qu'elle serait souhaitée par tout le monde. Mais il faut rappeler que nous partions de très loin et que la confiance s'est établie au fil du temps : il y a peu, nous ne parlions que des méfaits des vaccins ; désormais, nous en vantons les bienfaits.

Le passe sanitaire est ressenti par certains comme un outil privatif de liberté ; il peut en effet apparaître comme tel et le dispositif comportait quelques incohérences. Cependant, le passe sanitaire sera au contraire le passe de la liberté, car il nous permettra non pas de retrouver une vie complètement normale, mais en tout cas de vivre presque comme avant, d'aller au restaurant, de sortir, de voir notre famille ou nos amis.

Agir fort, agir vite, agir aussi en faisant en sorte que la compréhension – j'insiste sur ce point – soit au rendez-vous. Tout le drame des mesures que nous prenons depuis dix-huit mois relève parfois d'une incompréhension. Face aux antivax et à tous ceux qui surfent sur les difficultés que nous rencontrons dans l'arsenal utilisé pour lutter contre la pandémie, la situation exige de nous d'être à la hauteur des enjeux. Les dispositions introduites en faveur des adolescents constituent des avancées : dans une même famille, l'enfant de 9 ans et celui de 13 ans étaient traités différemment. Citons encore la jauge des cinquante personnes, qui apparaissait incompréhensible pour les uns et pour les autres ; ces cafés, ces restaurants qui devaient appliquer un protocole différent selon que le client était à l'extérieur ou à l'intérieur ; ces grandes surfaces sur lesquelles, monsieur le ministre, des solutions seront trouvées sur le terrain, avec les préfets, afin que la mesure soit enfin compréhensible. Toutes ces dispositions vont plutôt dans le bon sens à mes yeux, même si elles peuvent apparaître – inutile de dire le contraire – comme privatives de liberté.

Ce texte s'est amélioré au fil du temps, je tiens à le dire, parce que vous avez su écouter ; les députés Les Républicains qui étaient présents cet après-midi ne pourront pas dire le contraire, pas plus que les autres. Le groupe Mouvement démocrate (MODEM) et démocrates apparentés est très attaché au contrôle parlementaire : vous avez accepté qu'au lieu du 31 décembre, il soit avancé au 15 novembre, avec l'organisation d'un débat. À la dernière minute de la réunion de la commission mixte paritaire, je suis même intervenu pour rappeler que vous aviez accepté, monsieur le ministre, de venir exposer l'état de la situation sanitaire et des mesures prises afin de lutter efficacement contre la pandémie. Chacun a bien compris que ce contrôle de l'état d'urgence sanitaire au 15 novembre signifie la fin du passe sanitaire – qui doit constituer une parenthèse, puisque comme l'a très bien rappelé la présidente de la commission des lois, il peut être ressenti comme une privation de liberté.

Pour ce qui concerne l'avenir, mes chers collègues, je vous le dirai avec beaucoup d'humilité : il y a les sachants, ceux qui nous expliquent tout – M. Mélenchon essayait tout à l'heure de nous faire passer un message qui, manifestement, était à côté de la plaque –, et il y a ceux qui font preuve d'humilité, car qui sait où nous en serons dans quelques semaines ?

Il fallait agir vite et taper fort au vu de ce taux d'incidence sur le point d'exploser dans les villes côtières, de ces lits hospitaliers qui seront malheureusement occupés dans quelques semaines. En vaccinant la communauté médicale à qui nous devons tant, cette communauté fabuleuse et généreuse qui nous a tant donné, nous la protégerons, car elle ne l'était pas.

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