Martinique : 793 ; Pyrénées-Orientales : 492 ; Haute-Corse : 452 ; Alpes-Maritimes : 314 ; Deauville : 800. Non, ces chiffres ne sont pas la projection d'une quatrième vague pour la rentrée, mais la réalité d'une quatrième vague déjà bien présente sur le territoire national. En effet, la question d'aujourd'hui n'est pas de savoir comment éviter cette nouvelle vague, mais plutôt comment la combattre avec force, comment la juguler et sans plus attendre. À chaque heure, chaque minute qui passe, un individu porteur de la covid-19 peut émettre de très nombreuses gouttelettes contagieuses, ne serait-ce qu'en parlant. Voilà la réalité du variant delta. Et à cette vitesse-là, je n'ose imaginer la dangerosité du variant suivant.
Oui, nous voilà donc réunis en ce dimanche pour trouver à nouveau le juste équilibre entre protéger et « emmerder les Français », pour prendre les propos de Georges Pompidou. Oui, car installer un passe sanitaire ne fait plaisir à personne, et personne ici ne se réjouit de devoir le faire. Bien sûr, nous aimerions tous entrer en insouciance, comme nous entrons en vacances, reporter les problèmes et les contraintes à la rentrée prochaine, en se disant : nous verrons bien à ce moment-là, d'ici là profitons ! Or il ne s'agit point de profiter, mais plutôt de consumer, consumer des vies et l'espoir pour tous de retrouver une vie normale, du moins celle que nous aimions tant. Alors, au lendemain des manifestations, nous devons répondre aux Français qui, à juste titre, sont attachés à leur liberté, que le texte que nous votons aujourd'hui et qui fait l'objet d'un consensus entre leurs représentants, à l'Assemblée nationale comme au Sénat, vient justement protéger cette liberté, et que oui, le triptyque « liberté, égalité, fraternité » fait toujours sens dans notre belle nation.
Liberté d'abord. Quelle valeur et quel intérêt lui donner lorsqu'elle se soumet à l'apport des lendemains incertains ? Avant d'être députée, je suis citoyenne et mère de famille. Je ne prends aucun plaisir à restreindre notre accès ou celui de nos enfants à la présentation d'une vaccination ou d'un test négatif, mais je sais aussi que c'est la seule condition pour que cet accès ne s'avère pas être le dernier à un bar, un restaurant, un cinéma ou n'importe quel lieu de loisirs – à la fois pour le consommateur, à qui nous devons dire qu'il entre en sécurité, mais aussi pour le restaurateur ou l'organisateur, à qui nous ne voulons pas dire qu'il devra fermer demain ou pire, qu'un cluster s'est développé chez lui. Car oui, le passe sanitaire, c'est la sécurité, mais aussi la visibilité. Ne nous trompons pas, chers collègues : c'est bien le virus qui est liberticide.
Au nom du groupe Agir ensemble, je tiens également à saluer les mesures de bon sens que nous défendons depuis plusieurs mois au sein de cette assemblée et auprès des Français, à commencer par l'isolement obligatoire des personnes atteintes par la covid-19. Lorsque le bon sens ne suffit plus, il n'y a plus d'autre voie pour protéger les malades et ceux qu'ils côtoient ou croisent au quotidien. Ce n'est pas les rejeter, mais au contraire les considérer et les accompagner, des courses alimentaires jusqu'aux tâches familiales en passant par l'hébergement, car c'est la vocation d'une société solidaire. Oui, c'est le sens de la fraternité.
Égalité ensuite. Qu'est-ce que l'égalité, si ce n'est un État qui donne à tous ses citoyens un accès égal et gratuit aux soins, aux tests et aux vaccins, qui, en bonne intelligence avec les territoires, veille à ce qu'il n'y ait ni bouc émissaire, ni pointé du doigt, ni discriminé, ni oublié ? Ce droit au vaccin est une chance, une chance que tous les habitants de cette planète n'ont pas. À ce titre, saluons l'action du Gouvernement qui, à ce jour, a livré plus d'un million de doses en Tunisie. Moi-même, actrice du monde de la santé, je sais que je n'exerce pas seulement un métier, une passion, mais aussi une responsabilité : celle de protéger et de soigner les gens. Toute responsabilité est accompagnée de devoirs. Celui de se faire vacciner en fait partie, et c'est pour cela que nous soutenons la vaccination obligatoire du personnel soignant et de tous les acteurs de la santé, sans distinction. Bien sûr, cette obligation doit s'imposer avec calme et discernement. Le prix de notre liberté, c'est notre responsabilité, faire du vaccin un devoir.
Je terminerai mon propos par un message à l'adresse de la majorité silencieuse, celle qui est vaccinée ou en train de se faire vacciner, celle qui n'était pas hier dans la rue avec des slogans et des images au mieux fausses, au pire à vomir – oui, à vomir –, celle qui a vécu et subi plusieurs vagues, plusieurs contraintes, plusieurs consignes sans forcément toujours les comprendre, celle qui ne se nourrit pas de la lecture, du partage et de l'amplification d'informations fausses et dangereuses sur les réseaux sociaux, celle qui mène dans nos hôpitaux, mais pas seulement, le plus beau combat, celui pour la vie. Je veux dire à cette majorité silencieuse que même sans exclamations, nous l'entendons, que nous la remercions pour tous ses efforts, que nous ne l'abandonnerons pas et que c'est même pour elle que nous sommes ici aujourd'hui.
Mes chers collègues, nous demandons aux Français d'être responsables. Alors ce soir, nous, députés, soyons responsables et votons ce texte issu du travail parlementaire avec nos collègues sénateurs, même si celui-ci a été difficile. Ce texte que nous voterons ce soir est équilibré ; le groupe Agir ensemble le votera.