Intervention de Sandra Boëlle

Séance en hémicycle du jeudi 15 avril 2021 à 9h00
Partenariat stratégique entre l'union européenne et le japon — Présentation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSandra Boëlle, rapporteure de la commission des affaires étrangères :

Le thème de la sécurité m'amène à aborder un autre aspect important de notre partenariat avec le Japon : la politique régionale de l'Union européenne en Asie-Pacifique dans laquelle il s'inscrit. D'abord perçue comme un acteur commercial, l'Union européenne cherche à faire évoluer son image dans la région, au profit d'une coopération politique et sécuritaire. L'Asie-Pacifique, et tout particulièrement la région indo-pacifique, suscite, dans le sillage des États-Unis, un intérêt grandissant de la part de l'Union européenne. Dans la logique du Brexit, le Royaume-Uni, qui n'est aujourd'hui plus fondé à ratifier cet accord de partenariat, cherche également à se tourner davantage vers cette région.

Notre ordre du jour pour ce matin manifeste à lui seul l'intérêt accru de l'Union européenne pour le Pacifique. En effet, après l'accord de partenariat avec le Japon, c'est l'accord-cadre signé en 2017 avec l'Australie qui nous occupera. Ces dernières années, l'Union européenne a d'ailleurs signé plusieurs accords de ce type avec des pays de la zone Asie-Pacifique, parmi lesquels la Nouvelle-Zélande et la Corée du Sud.

Pour l'Union européenne, le Japon apparaît comme un partenaire prioritaire dans l'optique de renforcer sa présence régionale. Les autorités japonaises promeuvent depuis plusieurs années leur stratégie pour un bassin indo-pacifique libre et ouvert. Elle s'appuie sur trois piliers, sur lesquels des coopérations avec l'Europe sont possibles : la promotion de la démocratie et du libre-échange ; la paix, la sécurité et la stabilité ; la prospérité économique et la connectivité. À cet égard, un partenariat sur la connectivité durable et les infrastructures de qualité, visant notamment à proposer une solution alternative aux nouvelles routes de la soie chinoises, a été signé en 2019.

La thématique de l'Indo-Pacifique m'invite à insister sur l'intérêt qu'aura l'entrée en vigueur de cet accord pour la France. Il existe un très fort alignement des approches européenne et française vis-à-vis du Japon. Nous avons avec le Japon une relation bilatérale ancienne, solide et dynamique, qui a été érigée au rang de partenariat d'exception il y a quelques années. Nos échanges s'appuient actuellement sur une feuille de route pour la période 2019-2023, qui fixe cinq priorités : le renforcement de la coopération dans l'espace indo-pacifique ; l'approfondissement de la coopération dans le domaine la sécurité et la défense ; la promotion d'une gouvernance mondiale multilatérale ; le développement d'un partenariat économique tourné vers l'innovation ; la création d'une dynamique en matière d'échanges humains.

Le premier point, relatif au renforcement de la coopération dans l'espace indo-pacifique, fait l'objet d'un partenariat spécifique visant à entreprendre des projets concrets dans la région. La France, seul pays de l'Union européenne à être activement présent dans le Pacifique depuis le retrait du Royaume-Uni de l'UE, est aussi le premier État membre à avoir adopté une stratégie nationale pour l'Indo-Pacifique.

Je rappelle que plus de 1,6 million de nos concitoyens sont présents dans la région, répartis dans sept départements, régions et collectivités d'outre-mer, auxquels s'ajoutent environ 8 000 militaires en mission dans la zone. Dans ce contexte, notre pays cherche à donner une impulsion pour l'adoption d'une stratégie européenne pour la région indo-pacifique, ce qui fait de la France un partenaire particulièrement important pour le Japon en Europe.

En conclusion, je vous invite à adopter ce projet de loi qui, outre qu'il est à même de consolider une relation bilatérale déjà solide et revêt une importance particulière pour la politique étrangère de l'Union européenne et de la France en Asie, constituera un cadre pour dialoguer sur tous les sujets, y compris les plus sensibles.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.