Mais, puisque je parle de pollution des eaux, l'honnêteté m'oblige à dire que le problème n'est peut-être, à vos yeux, pas si grave. Après tout, la surpêche des équipages asiatiques, chinois ou japonais est si considérable que l'idée de polluer le milieu d'espèces déjà en voie de disparition ne peut inquiéter que les esprits timorés et chagrins. Je rappelle que le Japon n'a toujours pas renoncé à la pratique cruelle et désastreuse de la pêche à la baleine, laquelle fait l'objet d'un moratoire depuis 1986. Pour être exact, il a quitté la commission baleinière et repris la pêche en 2019, année de l'entrée en vigueur des deux accords que l'Union européenne avait signés avec lui. Quel beau symbole pour ceux qui prétendent protéger, ensemble, la biodiversité ! Pour notre part, nous ne mangeons pas de ce pain-là.
Je viens d'évoquer les équipages chinois. C'est bien sûr à dessein que j'introduis ce pays dans la conversation, car cet accord de partenariat stratégique est aussi pensé pour contrecarrer l'influence croissante de la Chine. À la suite de la fameuse bascule de leur diplomatie vers le Pacifique décidée par les États-Unis, l'Europe, docilement, leur emboîte le pas. Participer à la création d'une sorte de glacis autour de Pékin, tel est aussi l'enjeu du texte, or cette stratégie n'est en rien conforme aux intérêts de la France : nous refusons l'alignement derrière quelque maître ou tuteur, qu'il s'agisse de Washington ou de Pékin. Densifier nos relations avec le Japon pourrait être une fin en soi si nous avions des projets communs, mais cela ne peut se concevoir au nom d'une guerre froide latente avec la Chine.
Je ne voudrais pas conclure avant d'avoir évoqué une question moins abstraite et très douloureuse : la situation des parents divorcés qui se trouvent privés de la possibilité de voir leurs enfants, car le Japon accorde l'autorité parentale exclusive à un seul des parents. C'est la cause de bien des souffrances, et un des cas qui montre combien nous pouvons diverger avec le Japon sur la question des droits humains et sociaux.
Je vais essayer d'achever de le prouver d'une façon qui, je l'espère, pourra réconcilier les amis du grand patronat que vous êtes et les amis des salariés que nous sommes.