Les partenariats commerciaux prennent tout leur sens lorsqu'ils sont complétés par des partenariats stratégiques qui viennent clarifier le cadre des relations. C'est aussi un bon moyen, dans ce cas précis, de renforcer la légitimité de l'Union européenne en tant qu'acteur de la politique internationale.
De nombreuses voix se sont élevées ces derniers mois contre l'accord signé avec la Chine en décembre dernier. Nous ne pouvons donc que saluer le cadre établi ici avec nos partenaires nippons, qui revient sur l'importance de la démocratie, des droits de l'homme, des droits sociaux et même de l'environnement.
Mais il importe aussi d'évoquer les problèmes qui existent actuellement entre nos pays et que peuvent rencontrer nos concitoyens. Nous sommes très nombreux à avoir été sollicités sur un sujet qui pourrait tous nous toucher : celui d'une rupture ou d'un divorce. En effet, quand l'un des parents est japonais et que le couple se sépare, il est extrêmement difficile pour l'autre parent, qu'il soit français ou de toute autre nationalité, de réussir à voir son enfant.
C'est pourquoi, monsieur le secrétaire d'État, nous souhaiterions que vous puissiez prendre des engagements pour résoudre ces situations ou, du moins, aider à les résoudre. Aucune famille ne mérite de souffrir des décalages de législations. Si nous sommes capables de nouer des relations commerciales, nous devons pouvoir établir un cadre de droit international privé sécurisant.
Pour en revenir à l'accord stratégique, la coopération engagée en matière de sécurité et de lutte contre la criminalité sera une avancée importante, qu'il serait sûrement intéressant de reproduire dans le cadre d'autres accords avec nos divers partenaires. L'échange des dossiers de passagers, notamment, sera une question à surveiller dans sa conciliation avec la protection des données personnelles, et j'espère que le Parlement pourra assurer un suivi effectif sur l'évolution des pratiques.
Concernant le volet relatif à la sécurité, je me réjouis de voir rappelée l'importance du respect du droit de la mer, alors que la question des conflits territoriaux en mer de Chine fait peser une menace d'instabilité sur toute la région de l'Asie du Sud-Est. À l'heure où la Chine se fait le chantre d'un multilatéralisme opposé à la domination de quelques-uns, la France et l'Union européenne, défenseurs historiques d'un ordre international multilatéral, ne peuvent laisser ces nouveaux influenceurs choisir un droit international à la carte.
Cette région de l'Asie est en effet hautement stratégique. À l'heure où le géant chinois souhaite étendre son influence via les nouvelles routes de la soie, nous ne devons pas laisser ce carrefour du commerce mondial subir les tourments que pourrait entraîner une escalade des disputes territoriales. Les conquêtes d'îles, les constructions de bases militaires ou les opérations de pression dans cette zone, comme celles observées en mars dernier autour des îles Spratley, tout cela doit être dénoncé pour montrer que la communauté internationale est solidaire. L'augmentation des budgets militaires dans l'ensemble de la région doit d'ailleurs nous alerter, le Japon n'étant pas en reste, puisqu'il a augmenté de 15 % en dix ans les fonds qu'il alloue à la défense.
La France est aujourd'hui le seul pays à disposer d'une stratégie indo-pacifique, qui répond essentiellement à la présence de plus d'un million de Français dans cette zone. Or ce sujet devrait tous nous concerner ; il est donc bienvenu que le Royaume-Uni ou l'Allemagne commencent à l'évoquer. La région est complexe et les enjeux, importants. Tout en se gardant de rejeter la faute sur un seul acteur, la France devra se placer du côté du droit.
Concernant les volets social et environnemental de l'accord, j'ai entendu des critiques, en commission comme ici, sur les problèmes liés à l'égalité hommes-femmes, aux importations de bois rares ou à la pêche à la baleine. Il convient en effet de les prendre en considération, dans le cadre de discussions. Je pense en particulier à la pêche à la baleine : même si les dernières statistiques tendent à montrer que la demande est moins forte pour ce type de produits, il importe de rappeler la vision de la France et de l'Union européenne en matière de protection des baleines.
Sans doute les Japonais auraient-ils eux aussi des actions à nous reprocher, et il faut justement profiter de ce genre d'accord pour promouvoir ensemble de meilleures pratiques. Il me semble que le comité mixte chargé de faire vivre et évoluer cet accord doit permettre ces échanges et, surtout, nous aider dans la compréhension mutuelle de nos sociétés.
Le groupe UDI et indépendants étant attaché à une diplomatie fondée sur la coopération et l'échange, nous soutiendrons bien évidemment ce projet de loi, en ayant à l'esprit les propos tenus tout à l'heure par notre collègue Jean-Paul Lecoq : le plus important est la route vers la paix.